C’est quoi le Club des Belles Âmes ?
L’app se présente comme une alternative au “swipe-fatigue”. Au lieu d’une messagerie sans fin, le service organise des demi-journées de slow dating : entre 50 et 100 personnes, réparties par affinités, se rencontrent autour de tables, avec rotation des échanges. Une charte d’engagement bannit les comportements toxiques et impose d’expliquer une rupture de contact (anti-ghosting). Pour entrer : questionnaire d’une centaine de questions, vérifications d’identité et de revenus, et adhésion annuelle (présentée comme un filtre de motivation).
Ce qui fait tiquer les régulateurs
La collecte annoncée est large : niveau d’études, situation familiale, orientation sexuelle, images, justificatifs financiers (fiches de paie, éléments patrimoniaux). L’objectif affiché : regrouper des personnes “de milieux comparables” et limiter les faux profils. Le problème ? En Europe, certaines informations sont qualifiées de données sensibles et leur traitement est strictement encadré. Le consentement ne suffit pas s’il n’y a pas de nécessité démontrée et de minimisation.
RGPD : où passe la ligne rouge ?
Le RGPD impose des principes simples : finalité claire, minimisation (ne collecter que l’indispensable), sécurité renforcée, transparence et droits effectifs (accès, effacement, opposition). Les informations sur la vie sexuelle, les convictions religieuses ou la santé sont particulièrement sensibles. Demander un document moins intrusif (attestation, fourchette de revenus) peut être requis au lieu d’une fiche de paie complète.
« Le consentement ne justifie pas de collecter n’importe quelle donnée ; seules les informations strictement nécessaires à l’objectif sont légitimes. »
Fichiers et fuites : des risques bien réels
Les plateformes de rencontre sont des cibles privilégiées. Une base qui combine identité, coordonnées, préférences et signaux financiers devient très attractive pour les pirates. Conséquences possibles : chantage, doxxing, harcèlement. C’est pourquoi les autorités exigent du chiffrement, un contrôle d’accès strict, des durées de conservation courtes, et une preuve de nécessité pour chaque donnée collectée.
Ce que promet l’app, ce que vous devez vérifier
Le Club met en avant la sécurité des rencontres, la vérification le jour J et la qualité de la mise en relation. Très bien. Mais pour rester dans les clous, il faut une politique de confidentialité détaillée, des durées de conservation limitées, des mesures techniques solides (chiffrement au repos et en transit, journalisation, audits), et la possibilité de supprimer ses données facilement.
Check-list express avant de vous inscrire
- Lisez la politique de confidentialité : quelles données sont obligatoires ? lesquelles sont facultatives ?
- Demandez la finalité de chaque pièce (ex. fiche de paie) et s’il existe une option moins intrusive.
- Vérifiez les mesures de sécurité : chiffrement, contrôle des accès, authentification renforcée côté staff.
- Exercez vos droits (accès, rectification, effacement) et notez la durée de conservation.
- Segmentez votre vie numérique : email dédié, documents expurgés (masquez les infos non pertinentes), peu de métadonnées dans les photos.
Ce que disent les acteurs (et ce qu’on peut en retenir)
Pour la fondatrice, l’app corrige les travers des plateformes : faux profils, zapping, manque de sincérité. Pour les autorités, la proportionnalité est non négociable : collecter moins, justifier mieux, sécuriser plus. Les deux visions ne sont pas incompatibles : on peut viser des rencontres plus sûres et plus qualitatives tout en respectant les garde-fous du RGPD.
En deux minutes, les points clés
- Concept : slow dating en présentiel, groupes affinitaires, charte anti-ghosting.
- Collecte : questionnaire étoffé, vérifications (identité, revenus) ; attention aux données sensibles.
- Cadre légal : minimisation, sécurité, transparence ; le consentement n’est pas un blanc-seing.
- Bon réflexe : fournir le strict nécessaire, demander des alternatives moins intrusives, supprimer après usage.
Pour les 16–35 ans, l’enjeu est double : des rencontres plus safe et une hygiène numérique solide. Innover dans le dating ? Oui, si la promesse d’authenticité s’accompagne d’une promesse tout aussi forte : respect de la vie privée.