Le jour où tout a basculé
En 2014, sa photo d’arrestation publiée sur Facebook par la police de Stockton (Californie) devient virale en quelques heures. Regard acier, ossature parfaite, tatouages : le web lui colle l’étiquette de « criminel le plus sexy du monde ». À l’époque, Meeks est impliqué dans des vols à main armée et la possession illégale d’armes. Il écope de 27 mois de prison.
Et pourtant, tout démarre en cellule : des agences le contactent, flairant le phénomène. L’histoire est lancée.
De la cellule au catwalk
Libéré en 2016, Jeremy Meeks embraye. Book signé, shootings rapides, puis la rampe de lancement : la Fashion Week. En 2017, il défile pour le créateur allemand Philipp Plein. Les campagnes s’enchaînent, tout comme les prestations mondaines, de New York à Milan en passant par la Croisette.
Sur les réseaux, il convertit le buzz en audience : plus d’un million d’abonné·e·s qui suivent ses allers-retours entre studios photo, tournages et tapis rouges. En 2024, il publie Model Citizen, un livre où il revient sur une enfance cabossée, la violence, la prison, et la reconstruction par le travail.
Toujours bankable à 41 ans
Physique soigneusement entretenu, tailleurs ajustés, storytelling d’ascension : Meeks maîtrise son personal branding. Il reste demandé pour des défilés et collabore avec des marques qui misent sur une esthétique street-luxe. Côté écran, il multiplie les projets (ciné, TV, scène), avec une même logique : occuper le terrain et montrer qu’il ne se réduit plus à un « mugshot devenu meme ».
« Toujours aussi beau. » « Il n’a pas changé. » « Tant mieux si la vie lui réussit. » — réactions fréquentes sous ses apparitions publiques
Le récit qui divise : beauté, rédemption et culture du buzz
La success-story de Jeremy Meeks fascine autant qu’elle interroge. La question n’est pas seulement « peut-on changer de vie ? » – à laquelle sa trajectoire répond par l’affirmative –, mais « à quelles conditions sociales et esthétiques ? » Sa carrière illustre la force du beauty privilege : quand l’algorithme aime votre visage, les portes s’ouvrent plus vite. Elle oblige aussi à distinguer la glorification du crime (non souhaitable) et la mise en avant d’un parcours de réinsertion (nécessaire), deux narratifs souvent confondus en ligne.
Vie perso : entre vitrines et hors-champ
La sphère people a beaucoup commenté sa relation avec Chloe Green (héritière de Topshop), la naissance de leur fils, puis leur séparation. Il est aussi père d’un garçon né de son union précédente. Aujourd’hui, Meeks soigne une image plus cadrée : famille, travail, discipline. Les stories restent léchées, mais racontent davantage le quotidien pro que le buzz gratuit.
Repères chronologiques
- 2014 — Mugshot viral, surnom « criminel le plus sexy ».
- 2016 — Sortie de prison, premiers contrats de mannequin.
- 2017 — Défilés majeurs (dont Philipp Plein), Cannes, notoriété mondiale.
- 2020–2024 — Multiplication des rôles, projets TV, publication de Model Citizen.
- 2025 — 41 ans : toujours actif entre mode et écrans, audience solide sur Instagram.
Pourquoi sa trajectoire nous parle encore
Parce qu’elle coche toutes les cases du récit contemporain
Internet adore les récits de renversement : chute, visibilité fulgurante, ascension professionnelle, introspection. Jeremy Meeks offre ce condensé, amplifié par des images impeccables et un storytelling de seconde chance.
Parce qu’elle montre que la réinsertion passe aussi par l’image
La mode a servi de tremplin. Mais derrière, il y a une réalité : contrats, ponctualité, hygiène de vie, régularité. Autrement dit, un travail continu qui dépasse le buzz initial. C’est ce « travail invisible » qui lui a permis de durer.