Au Japon, le roi de la glace s’excuse pour 8 centimes de hausse

Au pays de la politesse codifiée, même une hausse de 10 yens — soit environ 8 centimes — mérite un mea culpa. Le fabricant japonais Akagi Nyugyo, à l’origine des bâtonnets glacés Garigari-kun, a diffusé un spot solennel pour annoncer que le prix passerait de 60 à 70 yens. Petite somme, gros symbole : c’est la première augmentation en 25 ans.
akagi nyugyo

Pourquoi ce geste a fait le tour du web

Dans la vidéo d’une minute, dirigeants en costumes noirs et salariés alignés devant le siège s’inclinent d’un même mouvement. Musique mélancolique, ton grave : tout y est. L’objectif est double. Expliquer une hausse présentée comme inévitable — hausse des matières premières et des coûts de main-d’œuvre — et respecter un rituel culturel fort : assumer publiquement la décision et remercier la clientèle.

Une mise en scène très japonaise

Au Japon, l’excuse publique est un langage en soi. Ici, Akagi Nyugyo utilise les codes de la contrition d’entreprise pour une hausse minime, parce que son produit est un repère du quotidien. Garigari-kun est vendu partout, souvent aux enfants, et reste associé à l’idée d’un plaisir accessible. Changer son prix touche au contrat tacite entre la marque et le public.

La hausse, en chiffres

AnnéePrix du Garigari-kunRepère
198150 yensLancement de la glace culte
1990–201560 yensPrix stable pendant des décennies
1er avril (année d’augmentation)70 yens+10 yens (≈ 8 centimes) et spot d’excuses

Ce que cela dit de l’économie… et du marketing

Cette hausse ne tombe pas du ciel. L’alimentaire subit la pression des coûts logistiques et des ingrédients. D’autres groupes japonais ont déjà réévalué leurs tarifs. Pour la Banque du Japon, ces mouvements de prix sont scrutés car ils nourrissent un débat récurrent : comment sortir durablement de la déflation sans plomber le pouvoir d’achat.

Côté marques, l’opération est aussi une leçon de transparence. Plutôt que de réduire subrepticement le grammage (le fameux shrinkflation), Akagi Nyugyo met la hausse à nu, l’explique et s’en excuse. Résultat : un spot viral, une discussion nationale… et une image d’entreprise respectueuse des consommateurs.

Garigari-kun, un totem de la pop culture nippone

Si le sujet vous semble démesuré pour 8 centimes, c’est que Garigari-kun n’est pas une glace comme les autres. Best-seller depuis plus de quarante ans, il s’est imposé par son prix abordable et ses parfums improbables (potage de maïs, soupe de patate, spaghetti “napolitaine”…). La marque écoule des milliards de bâtonnets par an : toucher au prix, c’est toucher à une habitude nationale.

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