Mila jugée à Lyon pour injure raciale après un tweet

L’influenceuse Mila, figure médiatique régulièrement au centre des polémiques, était jugée à Lyon pour un tweet visant des personnes d’origine maghrébine. Le parquet a requis une amende avec sursis.
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L’influenceuse Mila, 22 ans, a de nouveau fait face à la justice. Mardi, elle comparaissait devant le tribunal correctionnel de Lyon pour injure publique en raison de l’origine, après la publication d’un message diffusé sur le réseau X en février 2024. Le parquet a requis une amende de 1 500 euros avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré au 16 décembre.

Un tweet raciste publié puis supprimé

À l’origine de cette affaire, une publication diffusée par Mila en pleine nuit, un message qui restera en ligne seulement dix minutes mais qui suffira à déclencher une procédure judiciaire. Elle y écrivait notamment :

« Avec la consanguinité, beaucoup ont des fronts minuscules j’ai remarqué. Une immense partie des familles maghrébines sont consanguines, et beaucoup ont des visages difformes et assez laids, et de très petits fronts. Surtout les migrants chelous qui nous agressent dans la rue tous les jours. »

Le contenu a été signalé à plusieurs reprises avant d’être supprimé. La Ligue des droits de l’Homme et un particulier d’origine maghrébine ont porté plainte. L’ouverture de l’enquête a conduit Mila à être placée en garde à vue en juillet 2024.

Mila reconnaît une « maladresse » mais défend sa liberté d’expression

À l’audience, l’influenceuse a tenu à s’expliquer. Elle dit regretter son geste, mais continue de défendre l’idée qu’elle devrait pouvoir s’exprimer librement :

« Je regrette sincèrement d’avoir offensé certaines personnes. Ça ne me ressemble pas, j’ai honte de ce tweet. Mais je revendique une liberté d’expression totale. »

Pour justifier ses propos sur la consanguinité, Mila affirme s’être « appuyée sur des infos trouvées sur Wikipédia et dans des études scientifiques sur Internet », sans citer de source précise.

Son avocat, Me Robinson Barbier, a plaidé l’absence d’intention raciste :

« Il n’y a pas de volonté de stigmatiser tout un peuple. Mila a réagi de façon instinctive après des provocations répétées. Elle subit un harcèlement massif depuis des années. »

Une influenceuse habituée aux polémiques

Mila est loin d’être une inconnue des tribunaux ou des médias. Elle devient célèbre en 2020, à 16 ans, après avoir critiqué violemment la religion musulmane sur Instagram. La vidéo explose, les réactions aussi : elle subit alors un cyberharcèlement massif, reçoit des menaces de mort et doit vivre sous protection policière.

Entre 2021 et 2023, une vingtaine de ses cyberharceleurs sont condamnés. L’affaire fait alors entrer Mila dans le débat public autour de la liberté d’expression et des dérives numériques. Progressivement, elle devient un symbole pour certains milieux identitaires et un repoussoir pour d’autres.

Proche de l’extrême droite identitaire

Ces dernières années, Mila a multiplié les apparitions dans des espaces politiques radicaux. En 2024, elle rejoint le collectif Némésis, un mouvement identitaire qui se réclame du féminisme, et participe aux universités d’été de Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour.

Elle est également impliquée dans d’autres dossiers judiciaires :

  • mise en examen pour diffamation en juillet 2025 ;
  • poursuivie pour avoir divulgué l’identité d’un condamné pour harcèlement ;
  • signalée à plusieurs reprises pour propos discriminatoires en ligne.

Que dit la loi sur l’injure raciale ?

En France, l’injure publique à caractère racial est punie par la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Elle vise les propos visant une personne ou un groupe en raison de leur origine, leur religion ou leur appartenance supposée. Ce délit est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende. Dans le cas de Mila, le parquet a demandé une sanction modérée, estimant toutefois que « les faits sont caractérisés ».

Liberté d’expression ou discours haineux ?

Le tribunal de Lyon tranchera le 16 décembre. En attendant, l’affaire Mila montre une nouvelle fois que les réseaux sociaux sont un terrain à haut risque juridique, où la frontière entre opinion et illégalité peut être franchie en 280 caractères.

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