BTK, le monstre qui se cachait derrière un père de famille
Avant d’être le “tueur BTK”, Dennis Rader, né en 1945 au Kansas, a longtemps eu le profil du voisin lambda : marié, deux enfants, croyant pratiquant, bénévole à l’église, employé d’une société d’alarmes. Rien qui annonce un futur dossier de true crime sur Netflix.
Entre 1974 et 1991, il va pourtant assassiner au moins dix personnes à Wichita et dans sa banlieue, Park City. Ses crimes suivent un même schéma : il repère ses victimes, les espionne pendant des semaines, s’introduit chez elles, les ligote, les torture puis les tue. C’est ce mode opératoire qui lui inspire le surnom BTK, qu’il choisit lui-même dans des lettres envoyées à la police et aux médias.
Après 1991, BTK disparaît des radars. Les enquêteurs pensent que le tueur est mort, en prison ou installé ailleurs. En réalité, Dennis Rader continue sa vie de “bon père de famille” au Kansas, tout en conservant une vie fantasmatique très violente, qu’il nourrit par des écrits, des dessins et des mises en scène solitaires.
Comment le tueur BTK a finalement été arrêté
Il faudra attendre le début des années 2000 pour que BTK ressorte de l’ombre. Agacé par un article de presse qu’il juge “trop banal”, Rader recommence à envoyer des lettres, des énigmes, des photos et des objets liés à ses crimes. Il veut être reconnu, cité, analysé. Il veut son “statut” de tueur en série.
En 2004, il commet l’erreur qui va tout changer : il envoie à une chaîne locale une disquette en pensant qu’elle est impossible à tracer. Mauvaise pioche. Les enquêteurs récupèrent les métadonnées du fichier et remontent jusqu’à un ordinateur… d’église, où le nom “Dennis Rader” apparaît clairement.
L’ADN fait le reste : en analysant des prélèvements médicaux de sa fille, la police confirme le lien génétique avec les traces retrouvées sur une des victimes. Rader est arrêté en février 2005. Quelques mois plus tard, il plaide coupable de dix meurtres et écope de dix peines de prison à vie consécutives. Comme ses crimes ont été commis avant le retour de la peine de mort au Kansas, il échappe à l’exécution, mais ne sortira jamais de prison.
La vie du tueur BTK derrière les barreaux
Depuis 2005, Dennis Rader purge sa peine à l’El Dorado Correctional Facility, une prison de haute sécurité au Kansas. Il y est détenu sous le matricule 0083707. Sa condamnation prévoit une possibilité théorique de libération conditionnelle… en 2180. Autant dire qu’il mourra en prison.
À plus de 80 ans, le tueur BTK vit un quotidien très loin de l’image toute-puissante qu’il se construisait dans ses lettres. Selon les médias américains, il est désormais décrit comme fragile, souvent en fauteuil roulant, mais toujours manipulateur dans ses échanges avec les enquêteurs et sa famille.
Son rythme ressemble à celui de n’importe quel détenu de longue peine : cellule, repas, promenade, soins médicaux, accès limité à la télévision et aux livres. Il reçoit encore du courrier, rédige des réponses, coopère parfois avec les autorités sur de vieilles affaires… mais toujours à sa manière, en cherchant à contrôler le récit.
Un prisonnier qui intéresse encore les enquêteurs
L’histoire du tueur BTK n’est pas totalement refermée. En 2023, Dennis Rader a été cité comme suspect potentiel dans la disparition d’une adolescente en Oklahoma, ainsi que dans d’autres dossiers non élucidés. Les enquêteurs examinent son emploi du temps de l’époque, ses déplacements et ses écrits.
Officiellement, il n’a été condamné “que” pour dix meurtres, mais certains policiers et criminologues estiment possible qu’il y ait d’autres victimes. Rader, lui, nie tout ce qui ne correspond pas au récit qu’il a déjà mis en scène. Le contrôle de son image reste une obsession, même en détention.
Sa fille face au tueur BTK : d’un père modèle à “monstre subhumain”
Pour sa fille, Kerri Rawson, la chute a été brutale. Pendant 26 ans, elle a vécu avec l’image d’un père présent, parfois strict, très croyant, mais globalement “normal”. En 2005, elle découvre à la télévision que son père est le tueur BTK, responsable de crimes qui traumatisent l’Amérique depuis des décennies.
Depuis, sa vie a basculé. Kerri a parlé de stress post-traumatique, d’angoisses permanentes, de la difficulté à construire une identité qui ne soit pas uniquement “la fille de BTK”. Elle a raconté son histoire dans un livre, puis dans le documentaire Netflix “Mon père, le serial killer” (My Father: the BTK Killer), réalisé par Skye Borgman et sorti en octobre 2025.
Dans ce film, elle revient sur le choc de 2005, puis sur la visite qu’elle fait à son père en prison, près de 20 ans après son arrestation. Elle décrit un homme manipulateur, qui se pose encore en victime, et qu’elle qualifie désormais de “subhumain”, incapable de remords sincères.
“Le monde le voit comme un monstre. Moi, j’ai dû accepter qu’il était à la fois le père qui m’a élevée… et le tueur BTK.”
Depuis quelques années, Kerri Rawson est devenue une voix importante dans le milieu du true crime : elle témoigne pour soutenir les familles de victimes, mais aussi celles des criminels, souvent prises dans un tourbillon médiatique qu’elles n’ont pas choisi.
Les grandes dates de l’affaire BTK
Pour s’y retrouver, voici un récap’ des moments clés de la vie de Dennis Rader, alias BTK :
| Année | Événement |
|---|---|
| 1974 | Premiers meurtres connus à Wichita (famille Otero) et premières lettres signées BTK. |
| 1974–1991 | Série de meurtres dans la région de Wichita et Park City, pour un total de dix victimes reconnues. |
| 1991 | Dernier meurtre officiellement attribué à BTK (Dolores Davis). |
| 2004 | BTK recommence à envoyer lettres et paquets aux médias et à la police, après plus de dix ans de silence. |
| 2005 | Arrestation de Dennis Rader, aveux détaillés et condamnation à dix peines de prison à vie consécutives. |
| 2023 | Rader cité comme suspect possible dans d’autres affaires non résolues et visité en prison par sa fille pour les besoins de l’enquête. |
| 2025 | Sortie sur Netflix du documentaire Mon père, le serial killer, raconté à travers les yeux de Kerri Rawson. |
Pourquoi le tueur BTK fascine encore
Si l’histoire de Dennis Rader continue de nous obséder, c’est parce qu’elle pose une question dérangeante : à quoi ressemble un monstre, dans la vraie vie ? Dans le cas de BTK, la réponse est troublante : un père qui va au culte le dimanche, un voisin poli, un collègue discret.
Le contraste entre sa vie publique et ses crimes alimente podcasts, documentaires et débats sur la “banalité du mal”. L’affaire BTK interroge aussi notre obsession collective pour le true crime : pourquoi ces récits nous attirent-ils autant, alors qu’ils parlent de souffrance bien réelle ?
En 2025, la vie en prison de Dennis Rader ne ressemble plus à un thriller, mais à une lente extinction dans une cellule anonyme du Kansas. Ses crimes, eux, restent gravés dans la mémoire des familles, des enquêteurs… et désormais dans celle de millions de spectateurs, qui découvrent le tueur BTK à travers les yeux de sa fille.








