Sorbonne : les frais d’inscription des étudiants étrangers passent de 200 à 4 000 euros.

C’est la douche froide pour une partie de la communauté étudiante parisienne. L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, véritable institution du Quartier Latin, a voté ce lundi 1er décembre la fin de l’exonération partielle des frais d’inscription pour les étudiants extracommunautaires. Concrètement ? Pour étudier en licence ou en master l’année prochaine, la facture va être multipliée par quinze pour certains. Une décision justifiée par l’urgence budgétaire, mais qui provoque une levée de boucliers chez les syndicats et les enseignants, dénonçant une sélection par l’argent.
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La facture explose : les chiffres du choc

Jusqu’à présent, Paris 1 résistait au dispositif gouvernemental « Bienvenue en France » lancé en 2019, en compensant le surcoût pour permettre aux étrangers de payer le même prix que les étudiants européens. C’est désormais terminé. Dès la rentrée 2026, voici ce qui change pour les étudiants venant de pays hors Union européenne :

  • En Licence : les frais passent de 178 € à 2 895 € par an.
  • En Master : l’addition grimpe de 254 € à 3 941 € par an.

Le vote a été serré lors du conseil d’administration : 18 voix pour, 15 contre et 3 abstentions. L’université a toutefois précisé quelques exceptions. Les étudiants ayant le statut de réfugié (« étudiants en exil ») et ceux ressortissants des 44 pays les moins avancés (selon la liste de l’ONU) ne seront pas concernés par cette hausse.

« Une ligne rouge » franchie pour les opposants

Cette mesure passe très mal auprès des organisations étudiantes et du corps professoral. Une tribune signée par une centaine d’enseignants-chercheurs parle de « rustines discriminatoires » aux conséquences potentiellement catastrophiques.

Pour beaucoup, cette hausse rendra l’accès aux études impossible pour des jeunes issus du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou d’Amérique Latine, qui ne figurent pas forcément sur la liste des pays exemptés mais qui font face à une grande précarité. Marie-Emmanuelle Pommerolle, maîtresse de conférences à Paris 1, rappelle la réalité économique de ces étudiants :

« On leur demande déjà de provisionner leurs comptes en banque, de payer les frais de visa et le loyer parisien. Leur demander de lâcher 4 000 euros de plus nous semble irréaliste. »

Du côté des syndicats, l’association Le Poing Levé dénonce une « préférence nationale » qui s’installe à l’université et promet de rester mobilisée contre ce qu’elle qualifie d’attaque énorme contre le droit à l’éducation.

L’université invoque une impasse budgétaire

Pourquoi ce revirement soudain ? La présidence de l’université affirme avoir pris cette décision « à regret » et « sous la contrainte ». Paris 1 fait face à un déficit qu’elle doit combler pour présenter un budget 2026 à l’équilibre. L’État a réduit ses dotations et multiplié les charges non compensées, mettant les facs au pied du mur.

En supprimant cette exonération, l’établissement espère économiser environ 3 millions d’euros. Dans un communiqué, la direction assure qu’elle espère « pouvoir revenir sur cette décision dès qu’elle aura retrouvé une situation budgétaire plus stable ». En attendant, c’est bien sur le portefeuille des étudiants internationaux que reposera une partie de l’effort financier.

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