Une croissance portée par l’urgence climatique et industrielle
Les chiffres avancés par Thomas Clochon, président de l’OPIIEC, donnent le vertige. Sur les 60 000 recrutements prévus, la majorité (45 000) correspond à des créations nettes d’emplois. Les 15 000 restants serviront à remplacer les départs à la retraite. Concrètement, cela représente une hausse annuelle des effectifs de 2,4 %. C’est un rythme soutenu qui témoigne d’une dynamique rare dans le contexte économique actuel.
Deux moteurs principaux alimentent cette demande :
- L’industrie et l’énergie : Avec la relance du nucléaire, le développement du stockage d’énergie et la réindustrialisation globale du pays, les usines et centrales ont besoin de cerveaux (et de bras).
- La construction et les infrastructures : Rénover le parc ferroviaire, électrifier les transports ou concevoir les bâtiments de demain demande des compétences pointues en génie civil et en calcul de structures.
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L’éco-conception : la nouvelle compétence reine
Oublie l’image de l’ingénieur enfermé dans ses calculs théoriques. Aujourd’hui, tout tourne autour des Accords de Paris et de la décarbonation. Les entreprises ne cherchent plus seulement des techniciens capables de faire tenir un pont debout, mais des profils aptes à intégrer l’environnement dès le début du projet.
C’est ce qu’on appelle l’éco-conception : réfléchir à la recyclabilité des matériaux, à la circularité et à l’économie de ressources avant même de poser la première pierre. Si tu as une sensibilité écolo et un esprit logique, c’est le combo gagnant.
Droit, Bio, IA : des profils bien plus variés qu’on ne le croit
C’est l’une des surprises de l’étude : l’ingénierie ne recrute pas que des matheux. Bien sûr, le diplôme d’ingénieur (Bac+5) reste le sésame pour 44 % des moins de 30 ans du secteur. Mais face à la pénurie de candidats, les entreprises ouvrent leurs chakras.
Elles chassent désormais sur des terres inattendues : droit de l’environnement, biologie, géographie, sciences humaines ou économie. Pourquoi ? Parce qu’un projet complexe a besoin de juristes pour valider sa conformité environnementale ou de géomaticiens pour analyser le terrain. Les techniciens sont également très demandés pour épauler les ingénieurs sur le terrain.
Parallèlement, l’intelligence artificielle rebat les cartes. 28 % des entreprises ont déjà créé des postes spécifiques (ingénieur IA, chef de projet IA). L’IA ne remplace pas l’ingénieur, elle le rend plus efficace sur les tâches de synthèse et de calcul.
Pourquoi le secteur peine-t-il encore à séduire ?
Malgré ces perspectives alléchantes, l’ingénierie fait face à un paradoxe : elle n’attire pas assez. Le nombre de diplômés stagne et les filières scientifiques souffrent d’un déficit d’image dès le lycée, particulièrement auprès des jeunes femmes. De plus, beaucoup de jeunes ingénieurs préfèrent se tourner vers les géants du numérique (les « pure players ») ou les cabinets de conseil, jugés plus sexy en début de carrière.
Pourtant, comme le souligne l’OPIIEC, l’ingénierie est au cœur des solutions pour le climat. Pour combler ce manque, le secteur mise désormais sur l’alternance et la reconversion professionnelle. C’est peut-être le moment de regarder les formations disponibles près de chez toi.
















