Les maths et l’EPS ont la cote, Créteil respire
Les chiffres dévoilés ce vendredi 5 décembre sont impressionnants, surtout pour les concours externes qui ont littéralement doublé dans le premier degré. Voici ce qu’il faut retenir de cette vague d’inscriptions :
- Le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) : Le concours de professeur des écoles (CRPE) enregistre 102 027 inscriptions, soit une bond de 64,8 %.
- Le second degré (collèges et lycées) : On compte 121 274 candidatures pour devenir prof, CPE ou psychologue, en hausse de 34,7 %.
- Les matières en tension se remplissent : C’est la surprise du chef. Des disciplines habituellement boudées explosent. Le CAPES de mathématiques grimpe de 84,5 % et celui de lettres modernes de 87,9 %. Mention spéciale pour le CAPEPS (pour devenir prof de sport), qui enregistre une hausse vertigineuse de 173,9 %.
Même les académies réputées « difficiles » comme Créteil et Versailles, qui peinent chaque année à remplir leurs rangs, voient leurs compteurs s’affoler avec des hausses respectives de 72,8 % et 85,8 %.
L’effet « Double Session » : pourquoi tout le monde s’inscrit en même temps ?
Si les chiffres sont verts, c’est avant tout grâce à une mécanique exceptionnelle mise en place pour 2026. Cette année est une année de transition, qualifiée de « double session » par le ministère.
Concrètement, deux concours vont coexister :
- Une session classique pour les étudiants en Master (Bac+5), l’ancien système qui vit ses dernières heures.
- Une nouvelle session ouverte dès le Bac+3 (Licence), pour amorcer la réforme immédiatement.
Résultat : les vannes sont grandes ouvertes. Trois « promos » d’étudiants se retrouvent sur la ligne de départ en même temps : les étudiants de L3, ceux de M1 et ceux de M2. Cela crée mécaniquement un embouteillage monstre aux inscriptions. Le but affiché par le gouvernement est d’élargir le vivier, notamment socialement, car recruter plus tôt dans les études est souvent moins discriminant.
Miracle ou mirage ? Les syndicats tempèrent
Si le ministre Édouard Geffray se félicite de ces chiffres « considérables », les syndicats, eux, demandent de garder la tête froide. Pour Muriel Coret du SNESup-FSU, ces statistiques sont « un peu artificielles ».
« Le vivier des candidats a été mécaniquement augmenté […]. Ce serait extrêmement naïf de considérer qu’on a résolu la crise du recrutement. »
Plusieurs bémols viennent nuancer l’euphorie :
- Les doublons : Beaucoup d’étudiants de Master 2 se sont inscrits aux deux sessions (Bac+3 et Bac+5) pour maximiser leurs chances, ce qui gonfle les chiffres.
- L’entrée différée : Attention, les lauréats du concours à Bac+3 ne seront pas devant les élèves en septembre prochain. Ils devront d’abord suivre une formation rémunérée de deux ans.
- Les conditions de travail : Comme le souligne la CFDT Éducation, augmenter le nombre de candidats est une chose, mais les garder en est une autre si les salaires et les conditions de travail ne suivent pas.








