Warner Bros devrait rejeter l’offre de Paramount

C’est sans doute le twist le plus important de l’année à Hollywood, et il ne se déroule pas dans une salle de cinéma, mais dans une salle de réunion. Alors que tout le monde avait les yeux rivés sur le montant astronomique proposé par Paramount, le conseil d’administration de Warner Bros Discovery s’apprête à créer la surprise. Le verdict est attendu dès ce mercredi : ce sera probablement un « non » ferme à l’offre hostile de Paramount, au profit d’une alliance stratégique avec le géant du streaming,
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David contre Goliath : l’argent ne fait pas tout

Sur le papier, l’offre de Paramount Skydance avait de quoi faire tourner les têtes : 108,4 milliards de dollars pour racheter l’ensemble de la maison Warner. C’est une offre « tout cash » qui valorise l’action bien plus haut que le cours actuel. Pourtant, le conseil d’administration de Warner Bros s’apprête à conseiller à ses actionnaires de voter contre.

Pourquoi refuser un tel chèque ? La réponse tient en deux mots : stabilité et financement. L’offre de Paramount repose sur un montage financier complexe impliquant une dette massive, ce qui inquiète les dirigeants de Warner. De plus, un coup dur vient de frapper le camp Paramount : la firme d’investissement Affinity Partners, dirigée par Jared Kushner (le gendre de Donald Trump), s’est retirée de la bataille au dernier moment, laissant un vide dans le financement de l’opération.

En face, Netflix propose un deal estimé entre 72 et 83 milliards de dollars. C’est moins, certes, mais c’est jugé plus sûr et stratégiquement plus cohérent par le board de Warner Bros, qui préfère une intégration progressive dans un modèle de streaming déjà rentable.

Le cinéma sauvé par… Netflix ?

C’est l’ironie de l’histoire. Netflix, longtemps accusé de « tuer » les salles obscures, se pose aujourd’hui en sauveur du grand écran. Ted Sarandos, le PDG de Netflix, a fait une promesse inattendue à Paris mardi dernier : si le rachat fonctionne, les films Warner Bros continueront de sortir au cinéma de manière traditionnelle.

Notre bibliothèque ne remonte qu’à une décennie, alors que celle de Warner Bros s’étend sur 100 ans. Ils possèdent une expertise profonde dans la distribution en salle que nous n’avons pas.

Sarandos admet même que ses anciens commentaires minimisant l’expérience cinéma « embrouillent les gens » aujourd’hui. En clair, Netflix veut le beurre et l’argent du beurre : le prestige et les revenus du box-office de Warner (Batman, Harry Potter), couplés à la puissance de frappe de sa plateforme.

Qu’est-ce que ça change pour nous ?

Si ce mariage se confirme, c’est toute l’industrie du divertissement qui tremble. D’un côté, cela pourrait simplifier la vie des consommateurs : imaginer le catalogue HBO (Game of Thrones, The Last of Us) fusionner directement avec Netflix est séduisant. Cela pourrait signifier moins d’abonnements différents à gérer.

Mais attention au revers de la médaille. Jacob Hiler, expert en marketing à l’Université de l’Ohio, tire la sonnette d’alarme :

  • Risque de prix : Avec moins de concurrence, Netflix pourrait augmenter ses tarifs, sachant que vous n’aurez plus besoin de payer pour HBO Max à côté.
  • La boucle des suites : En récupérant des franchises comme Harry Potter ou DC Comics, Netflix pourrait être tenté de presser le citron jusqu’à la dernière goutte, au détriment de la création originale comme Stranger Things.

La fusion placerait Netflix en position ultra-dominante, avec un catalogue de films et séries inégalé. Si cela ravit les actionnaires, les syndicats de scénaristes (WGA) craignent déjà des réductions de postes et une baisse de la variété des contenus produits.

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