Une exécution à huis clos
C’est la sœur d’Alice, contactée par l’école, qui fait la macabre découverte aux alentours de 17h30. En pénétrant dans la maison familiale, elle découvre les corps sans vie de sa sœur et de son ex-conjoint, Sébastien Rignon. Les pompiers et le Samu, dépêchés sur place, ne peuvent que constater les décès. La scène de crime ne laisse que peu de place au doute : il s’agit d’un féminicide suivi d’un suicide.
Les premiers éléments de l’autopsie et de l’enquête révèlent une violence calculée. Alice n’a pas été tuée par hasard. Sébastien l’attendait. Selon les informations recueillies, l’homme a utilisé un pistolet d’alarme. Si ces armes sont souvent considérées comme non létales, leur utilisation à bout portant peut être fatale. Alice a reçu plusieurs décharges, dont une à l’abdomen et une autre, terrible, à l’arrière de la tête, tirée à « bout touchant ». Une véritable exécution. Sébastien a ensuite retourné l’arme contre lui.
« Je l’ai trouvé, mon prince charmant »
Comme trop souvent dans ces affaires, l’horreur prend racine dans le refus de la séparation. Alice Huruguen et Sébastien Rignon étaient en instance de divorce depuis l’été dernier. Une rupture que l’homme, trentenaire dépressif et sous traitement médicamenteux, ne supportait pas. Il avait déjà tenté de mettre fin à ses jours par le passé, mais rien, selon l’entourage, ne laissait présager qu’il emporterait Alice avec lui.
Le contraste entre la fin tragique d’Alice et ses souvenirs numériques est bouleversant. Sur son profil Facebook, une photo d’elle et Sébastien datant d’il y a quatre ans porte encore ce commentaire d’Alice :
« Je l’ai trouvé, mon prince charmant »
. Une phrase qui résonne aujourd’hui avec une cruelle ironie. Le prince charmant est devenu un meurtrier, brisant deux familles et laissant un orphelin de 3 ans.
L’Isère, département meurtri
Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé. Il plonge le département de l’Isère dans la stupeur pour la deuxième fois en moins de dix jours. À peine une semaine avant la mort d’Alice, le corps de Zaïa Binet, une autre jeune femme de 27 ans, était retrouvé calciné dans une voiture à Saint-Marcel-Bel-Accueil. Là aussi, le conjoint est le principal suspect.
Le cas d’Alice Huruguen souligne une réalité effrayante : l’absence de signaux d’alerte officiels. Le couple n’avait jamais fait parler de lui pour des faits de violences, aucune plainte n’avait été déposée, aucune main courante signalée. Alice est morte dans ce que l’on appelle le « chiffre noir » des violences conjugales, ces drames qui se nouent dans le silence jusqu’au coup de feu fatal. L’enquête, confiée à la brigade de recherches de La Tour-du-Pin, devra désormais éclaircir les circonstances exactes de ce jeudi noir pour comprendre comment on passe d’une séparation douloureuse à une exécution sommaire.








