Fin du système K1-K4 : bienvenue dans l’ère universitaire
Jusqu’à présent, la situation était un peu ubuesque. Dans les faits, les étudiants en kiné suivaient déjà un cursus de 5 ans (une année de sélection type PASS/LAS/STAPS + 4 ans en institut). Mais le Code de la santé publique, lui, restait bloqué sur une vision en « 4 ans » ou « 8 semestres », créant un décalage frustrant entre la réalité du travail fourni et sa valeur légale.
Le nouveau décret du 19 décembre 2025 balaie cette incohérence. Désormais, la formation est officiellement structurée en 10 semestres, organisés en deux cycles :
- 1er cycle : 6 semestres (incluant l’année universitaire de sélection).
- 2nd cycle : 4 semestres de spécialisation et professionnalisation.
C’est la fin du vieux jargon « K1 à K4 ». La formation s’aligne enfin parfaitement sur les standards universitaires classiques.
300 ECTS : le sésame pour l’Europe
C’est sans doute le point le plus technique mais le plus crucial de cette réforme : le passage officiel de 240 à 300 crédits ECTS (European Credit Transfer and Accumulation System).
Pourquoi est-ce important ? Parce que 300 ECTS, c’est la norme européenne indiscutable pour valider un niveau Bac+5 (Master). Jusqu’ici, les 60 crédits de la première année de sélection n’étaient pas toujours comptabilisés « officiellement » dans le diplôme final, ce qui pouvait bloquer certaines portes.
Avec cette reconnaissance noir sur blanc, les diplômés français gagnent sur deux tableaux :
- Mobilité internationale : Il sera beaucoup plus simple de faire reconnaître son diplôme pour travailler chez nos voisins européens ou poursuivre des études à l’étranger.
- Poursuite d’études : L’accès aux doctorats et à la recherche universitaire est facilité, renforçant la légitimité scientifique de la profession.
Et pour ceux qui sont déjà diplômés ?
Pas de panique, votre diplôme ne devient pas obsolète. Si vous avez obtenu votre DEMK après la réforme de 2021, vous aviez déjà le « grade » de master. Ce nouveau décret ne change pas vos droits d’exercice au quotidien.
En revanche, il sécurise votre statut. Face à un employeur (notamment à l’hôpital ou dans la fonction publique) ou une administration étrangère, il n’y a plus d’ambiguïté possible : vous êtes titulaire d’un Bac+5 reconnu par l’État, avec toutes les grilles salariales et statutaires qui doivent en découler.
« Cette reconnaissance n’est ni un hasard ni une faveur. Elle est le résultat d’un travail syndical de long terme. » — Syndicat National des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (SNMKR).
Bonus étudiant : moins de stress pour les exams
Au-delà des grands principes, le décret contient aussi des petites victoires très concrètes pour la vie étudiante. Deux mesures vont soulager le quotidien des futurs kinés :
- Convocations aux examens : Fini le stress de la dernière minute, les convocations devront être envoyées au moins 15 jours avant les épreuves.
- Changement d’institut facilité : Pour changer d’IFMK (Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie) en cours de cursus, l’accord du directeur de l’institut de départ n’est plus obligatoire. Seul celui de l’institut d’accueil compte. Un vrai plus pour la mobilité étudiante !
C’est donc une page qui se tourne pour la profession, qui gagne en maturité et en autonomie. Prochaine étape ? L’accès direct aux kinés sans passer par le médecin, qui se déploie progressivement, confirmant que le kiné est bien un pilier central de notre santé.
