Un record « technique » qui cache une réalité complexe
310 milliards d’euros. Pour vous donner une idée, c’est comme si l’État devait trouver près de 850 millions d’euros par jour, dimanches et jours fériés compris. Ce montant colossal servira à couvrir le déficit (la différence entre ce que l’État gagne et ce qu’il dépense) et à rembourser les vieilles dettes qui arrivent à échéance.
Si le chiffre est inédit, la tendance est claire : on emprunte de plus en plus.
- En 2024, l’emprunt net était de 285 milliards.
- En 2025, il a grimpé à 300 milliards.
- En 2026, on franchit donc la barre des 310 milliards.
Cependant, il faut relativiser. Si la somme en euros bruts explose, son poids par rapport à la richesse créée par le pays (le PIB) reste stable, autour de 10 %. En clair, la dette grossit, mais l’économie aussi. Cela n’empêche pas la dette publique globale d’atteindre des sommets : elle a touché près de 3 500 milliards d’euros au troisième trimestre.
Comment emprunter sans budget voté ?
C’est la grande question politique du moment. Normalement, c’est la loi de finances (le budget) qui autorise l’État à s’endetter. Sauf que pour 2026, il n’y a pas encore de budget validé. Pour éviter la paralysie de l’État (le fameux « shutdown » à l’américaine), Emmanuel Macron a promulgué samedi dernier une loi spéciale.
Ce texte de secours est une sorte de « roue de secours » législative. Il permet à l’État de continuer à percevoir les impôts et, surtout, d’aller sur les marchés dès janvier pour emprunter ces fameux milliards. L’AFT précise d’ailleurs que ce montant de 310 milliards pourra être ajusté une fois que le vrai budget 2026 sera définitivement adopté par les députés.
Pourquoi l’argent coûte-t-il plus cher à la France ?
Emprunter autant, c’est une chose. Mais à quel prix ? C’est là que ça se corse. Les taux d’intérêt ont grimpé, rendant le remboursement de la dette plus lourd pour les finances publiques.
En 2025, la France a emprunté à un taux moyen de 3,14 %, contre 2,91 % l’année précédente. Sur les obligations à dix ans (la référence du marché), le taux est passé de 2,94 % à 3,37 %. Cette hausse s’explique par deux facteurs principaux :
Une tendance européenne : L’Allemagne, moteur économique de l’Europe, a décidé de s’endetter davantage pour investir massivement. Cela fait monter les taux partout sur le continent.
Le deuxième facteur est purement français : l’instabilité politique. Les marchés financiers n’aiment pas l’incertitude. La situation floue à Paris a créé ce que les experts appellent une « prime de risque ». En résumé, les prêteurs demandent des intérêts plus élevés à la France car ils estiment que prêter à Paris est devenu un tout petit peu plus risqué qu’avant.
Et maintenant ?
Les émissions de dette vont commencer dès janvier. L’Agence France Trésor va devoir jouer serré pour placer ces obligations auprès des investisseurs internationaux dans un climat qui reste tendu. Si les taux continuent de monter, c’est le budget de l’État (et donc potentiellement vos impôts ou les services publics) qui en pâtira directement, car les intérêts de la dette deviennent l’un des plus gros postes de dépense de la nation.








