Eau du robinet contaminée à Lille : 9 PFAS identifiés, deux classés cancérigènes

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L’eau du robinet à Lille est actuellement au centre de préoccupations environnementales et sanitaires. Un prélèvement réalisé le 8 mai 2024 a révélé la présence de neuf polluants éternels, connus sous le nom de PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Ces polluants, largement utilisés dans l’industrie et les produits de consommation courante, sont reconnus pour leur persistance dans l’environnement et leurs effets nocifs sur la santé humaine.

Les PFAS sont des composés chimiques dérivés du plastique, introduits dans les années 1950. Leur résistance exceptionnelle à la chaleur, à l’eau et aux produits chimiques les a rendus très populaires dans de nombreux produits comme les emballages alimentaires, les revêtements antiadhésifs, les cosmétiques, et même les vêtements imperméables. Cependant, ces mêmes propriétés en font des polluants quasi indestructibles, capables de persister dans l’environnement et de s’accumuler dans les organismes vivants pendant des décennies.

L’eau du robinet contaminée à Lille

Le prélèvement d’eau du robinet réalisé à Lille a mis en évidence la présence de neuf PFAS sur les 25 recherchés. Parmi eux, deux sont particulièrement préoccupants : le PFOA (acide perfluorooctanoïque), considéré comme cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), et le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique), classé comme peut-être cancérogène. Un autre composé détecté, le PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique), est interdit en raison de sa toxicité sur la thyroïde et la fertilité. Les autres substances trouvées ne sont pas classées comme cancérogènes, mais leur présence reste inquiétante.

L’origine de la contamination par les PFAS est difficile à identifier, car ces substances sont omniprésentes dans l’environnement. Elles sont présentes dans les emballages alimentaires, les produits cosmétiques, les matériaux de construction, et sont également utilisées dans l’industrie pour leurs propriétés anti-taches et d’abaissement de la tension superficielle. Les émissions industrielles et le ruissellement provenant des activités de formation des pompiers contribuent également à la dispersion de ces polluants dans l’environnement.

Les PFAS sont reconnus pour leurs effets néfastes sur la santé. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, ces substances peuvent provoquer divers problèmes de santé, notamment des cancers (notamment des reins et des testicules), des lésions du foie, des maladies de la thyroïde, des troubles de la fertilité, et des risques accrus d’hypertension artérielle. Elles sont également suspectées de provoquer une réponse immunitaire réduite aux vaccins et de causer de faibles poids à la naissance.

Enquête nationale sur la qualité de l’eau

L’enquête menée par France Bleu et la Cellule investigation de Radio France a procédé à 89 prélèvements d’eau du robinet dans toute la France. Les résultats sont préoccupants : 43 % des échantillons contenaient des PFAS. Parmi ces prélèvements, celui de Lille s’est révélé particulièrement alarmant, avec la détection de neuf polluants éternels, dont des substances cancérogènes. Cette enquête met en lumière l’ampleur de la contamination de l’eau potable en France, et soulève des questions sur la sécurité de l’eau que nous consommons quotidiennement.

Les autorités locales, en l’occurrence la Métropole européenne de Lille, ont reconnu la détection de cette pollution dans deux forages, tout en soulignant que les taux relevés sont inférieurs aux normes imposées par la réglementation actuelle. Cependant, ces résultats soulèvent des inquiétudes quant à l’efficacité des normes en vigueur et à leur capacité à protéger la santé publique.

La présence de PFAS dans l’eau du robinet pose un défi majeur pour les autorités sanitaires et environnementales. Les polluants éternels sont présents dans notre quotidien, et leur accumulation dans l’environnement et les organismes vivants représente une menace sérieuse pour la santé humaine.

Des mesures doivent être prises pour identifier et éliminer les sources de pollution, renforcer la réglementation et mettre en place des mécanismes de surveillance efficaces. La sensibilisation du public est également cruciale, car une meilleure compréhension des risques liés aux PFAS peut encourager des comportements plus responsables et une demande pour des produits plus sûrs.

Éliminer les PFAS de l’eau potable n’est pas une tâche aisée. Cela implique de lourds investissements pour les collectivités, notamment pour changer les systèmes de traitement de l’eau et identifier les sources de pollution. Selon des estimations, le coût annuel pour éliminer les PFAS de l’eau potable en Europe pourrait atteindre 238 milliards d’euros. Des techniques de dépollution innovantes, comme l’utilisation de mousses ou de gels pour piéger les PFAS, sont en cours de développement, mais elles restent coûteuses et énergivores.

Comparée à d’autres pays européens, la France semble en retard en matière de réglementation des PFAS. La norme française, qui devrait entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2026, fixe un seuil à 100 nanogrammes par litre pour la somme de 20 PFAS. Ce seuil est bien plus élevé que celui de certains pays, comme le Danemark, où la limite est fixée à 2 ng/l pour les quatre PFAS les plus problématiques.

Un groupe de travail constitué d’une quinzaine de chercheurs est actuellement en train de revoir les valeurs toxicologiques basées sur les études scientifiques récentes, ce qui pourrait amener à une révision de la réglementation française.

Face à cette situation, de nombreux consommateurs cherchent des solutions pour éviter l’exposition aux PFAS. Des méthodes individuelles existent, comme l’utilisation de carafes filtrantes ou de filtres spécifiques adaptés aux robinets. Cependant, ces solutions créent une inégalité entre ceux qui peuvent se les permettre financièrement et les autres.

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