Sophia Chikirou mise en examen pour escroquerie aggravée

La députée Sophia Chikirou, figure clé de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, a été mise en examen pour escroquerie aggravée. Cette décision, rendue publique le 24 septembre 2024, fait suite à une enquête judiciaire portant sur la gestion des comptes de campagne de La France Insoumise lors de l’élection présidentielle de 2017. L’élue, qui dirige également l’agence de communication Mediascop, est accusée d’avoir surfacturé des services rendus pendant cette période, entraînant une suspicion d’abus de biens sociaux et de recel d’abus de confiance.
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L’affaire débute en 2018, lorsque la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) et la cellule de renseignement financier Tracfin ont émis des signalements concernant les comptes de la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Ces signalements faisaient état de possibles irrégularités dans la facturation des prestations fournies par Mediascop, dirigée par Sophia Chikirou. La société aurait pratiqué des marges élevées sur certaines prestations, des prix jugés bien au-dessus des tarifs habituels du marché.

Les services fournis lors des campagnes électorales étant en partie remboursés par l’État, toute surfacturation peut constituer une fraude, car cela impliquerait l’utilisation de fonds publics de manière illégale. Ce qui est reproché à Chikirou, c’est d’avoir bénéficié de sommes importantes grâce à des tarifs surévalués, mettant ainsi en cause la transparence des comptes de campagne.

Selon la justice, Sophia Chikirou aurait facturé, via son entreprise Mediascop, des prestations de communication avec des marges particulièrement élevées, atteignant parfois des niveaux bien supérieurs à ceux pratiqués dans le secteur. Un audit comptable réalisé sur les comptes de la campagne a révélé que Chikirou aurait perçu, en tant que dirigeante de Mediascop, la quasi-totalité des bénéfices générés par la société en 2016 et 2017, sous forme de dividendes. En 2017, elle aurait empoché 65 000 euros de dividendes bruts, un chiffre significatif au regard des 76 000 euros de bénéfices réalisés par sa société sur cette période.

Ce qui rend l’affaire plus complexe, c’est la double casquette de Sophia Chikirou. Elle était à la fois directrice de la communication pour la campagne de Mélenchon et prestataire via Mediascop, créant ainsi une situation de conflit d’intérêts. Cette proximité avec Jean-Luc Mélenchon a renforcé les soupçons d’irrégularités financières. Toutefois, Sophia Chikirou conteste fermement ces accusations, affirmant qu’il n’y a eu ni surfacturation ni détournement de fonds publics.

La mise en examen de Sophia Chikirou fait suite à plusieurs années d’enquête, ponctuées par des perquisitions au siège de La France Insoumise en 2018, et chez plusieurs cadres du parti, dont Jean-Luc Mélenchon. Ces perquisitions, filmées en partie en direct, avaient suscité un tollé au sein du mouvement, avec des accusations de persécution politique.

L’enquête a été confiée à des juges d’instruction qui cherchent à établir si Mediascop a surfacturé les prestations fournies pendant la campagne de 2017. En plus de l’escroquerie aggravée, Sophia Chikirou est également accusée d’abus de biens sociaux et de recel d’abus de confiance. Si ces accusations sont prouvées, elles pourraient entraîner des sanctions importantes, tant pour Chikirou que pour La France Insoumise.

Mediascop, fondée et dirigée par Sophia Chikirou, a été l’un des principaux prestataires de services pour la campagne présidentielle de 2017. Avec plus d’un million d’euros facturés, l’agence a joué un rôle central dans la stratégie de communication du candidat Jean-Luc Mélenchon. Les investigations menées par la justice visent à déterminer si les prix pratiqués par Mediascop étaient en adéquation avec ceux du marché, ou s’ils étaient artificiellement gonflés.

Une des problématiques soulevées par l’enquête est la question de la légitimité des dépenses de campagne. En effet, les partis politiques peuvent parfois jouer avec les règles du financement public des campagnes pour accumuler des fonds supplémentaires, par exemple en surfacturant des prestations. Ces fonds sont ensuite réinjectés dans le parti pour les échéances futures.

L’affaire Sophia Chikirou intervient à un moment où La France Insoumise est déjà confrontée à plusieurs autres affaires judiciaires, notamment concernant des membres du parti impliqués dans des affaires similaires de gestion des finances publiques. La mise en examen de Chikirou risque de peser sur la réputation du mouvement, déjà fragilisé par des polémiques internes et des tensions au sein de la coalition des partis de gauche.

De son côté, Sophia Chikirou continue de nier en bloc toutes les accusations portées contre elle. Ses avocats affirment qu’elle se défendra vigoureusement devant les juges et dénoncent une enquête biaisée visant à affaiblir politiquement l’élue.

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