La France donne tous les ans 800 millions d’euros à l’Algérie ?

La récente déclaration de Sarah Knafo, vice-présidente du parti Reconquête !, selon laquelle la France verserait chaque année 800 millions d’euros d’aide au développement à l’Algérie, a provoqué de vives réactions. Ce chiffre, diffusé dans plusieurs de ses interventions publiques, soulève de nombreuses interrogations sur la véracité des montants évoqués et la gestion de l’aide publique au développement (APD) par la France. Pourtant, après une analyse approfondie des données, il s’avère que la réalité est bien différente de ce que la femme politique a avancé.
sarah knafo algerie

Dans un tweet publié en mai 2024, Sarah Knafo dénonçait :

Comment peut-on donner 800 millions d’euros d’aide au développement à l’Algérie chaque année, alors qu’elle refuse de reprendre ses clandestins qui sont parfois des bombes sur pattes ?

Cette affirmation a rapidement été contestée, notamment par l’avocat Nabil Boudi, qui a qualifié ces propos de fausses informations et a annoncé son intention de porter plainte. Selon lui, cette affirmation contribue à fausser le débat public sur un sujet aussi sensible que la gestion des finances publiques et les relations franco-algériennes.

Des chiffres réels bien inférieurs

L’analyse des données disponibles sur l’aide publique au développement montre que le montant avancé par Sarah Knafo est loin de la réalité. L’OCDE et les rapports officiels sur l’APD indiquent que l’Algérie a effectivement reçu 842 millions d’euros, mais cumulés sur cinq ans, de 2017 à 2022. Ainsi, contrairement à ce qui est suggéré, la France ne verse pas 800 millions d’euros par an, mais bien des montants bien plus modestes, répartis sur plusieurs années. En 2021, par exemple, la France a accordé 112 millions d’euros à l’Algérie, et en 2022, ce montant s’élevait à 132 millions d’euros.

Ces chiffres sont accessibles sur le portail public dédié à l’APD française, et ils montrent que les 800 millions d’euros annuels avancés par Knafo constituent une erreur d’interprétation des données disponibles. En effet, la somme évoquée représente le total cumulé sur plusieurs années, et non un versement annuel.

L’aide publique au développement (APD) est un instrument international destiné à soutenir les pays en développement dans des domaines variés tels que la santé, l’éducation, les infrastructures, ou encore la lutte contre la pauvreté. En tant que membre de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France, comme de nombreux autres pays donateurs, participe à ces efforts pour promouvoir le développement économique et améliorer les conditions de vie dans les pays bénéficiaires.

L’Algérie est l’un de ces bénéficiaires, bien que ses montants soient loin d’être les plus élevés par rapport à d’autres pays. En effet, des pays comme le Maroc, la Côte d’Ivoire ou encore la Colombie reçoivent davantage d’aides que l’Algérie sur certaines périodes. Cette aide ne se limite pas à des versements directs d’argent, mais inclut des programmes de soutien dans des domaines comme l’éducation, la formation professionnelle, ou encore la santé publique.

La déclaration de Sarah Knafo s’inscrit dans un contexte de tension politique où les questions migratoires et les relations entre la France et l’Algérie sont au centre des débats.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar