Le 15 octobre 2024, la capitale a été marquée par un drame survenu sur le boulevard Malesherbes, dans le 8e arrondissement. Paul Varry, un jeune homme de 27 ans, fervent militant pour les mobilités douces, a trouvé la mort après avoir été percuté par un automobiliste. Cet incident, qui a suscité une vive émotion, pose la question des tensions croissantes entre cyclistes et automobilistes dans la ville. Mais qui était Paul Varry ?
Un engagement pour le développement des mobilités douces
Originaire de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, Paul Varry s’était rapidement imposé comme une figure clé de la promotion des mobilités douces dans sa ville. Membre actif de l’association Paris en Selle, il avait fait du vélo son combat quotidien, participant à la rédaction de documents visant à encourager les autorités publiques à améliorer les infrastructures pour les cyclistes et les piétons.
Sa contribution la plus notable a été la rédaction d’un livre blanc pour la ville de Saint-Ouen, un document qui a inspiré de nombreuses initiatives pour promouvoir une ville plus cyclable. Ce livre blanc visait à sensibiliser les autorités locales et à proposer des solutions concrètes pour améliorer la sécurité des usagers vulnérables sur la route.
Il s’était également engagé dans des études orientées vers le développement informatique et le développement d’applications mobiles, un domaine qui lui tenait particulièrement à cœur. C’est dans ce cadre qu’il s’est inscrit à l’École 42, une école réputée pour former des développeurs aux compétences pratiques, avec un apprentissage basé sur des projets concrets
Si Paul Varry était souvent décrit comme discret, son engagement n’en était pas moins fort. Selon Marion Soulet, porte-parole de l’association Paris en Selle, il était très impliqué dans la défense des mobilités douces. Il participait régulièrement aux réunions publiques, où il portait la voix de l’association, tout en participant activement aux réflexions sur l’avenir des infrastructures cyclables à Paris et en Seine-Saint-Denis.
Paul était également connu pour sa bienveillance et sa douceur. Ses amis et collègues de lutte le décrivent comme un homme sensible, toujours là pour aider les autres, animé par un désir profond de rendre la ville plus sûre et plus agréable pour tous. Sa mort brutale a donc été un choc pour tous ceux qui l’ont connu et admiré.
Un hommage émouvant de la communauté cycliste
Le lendemain de sa mort, 800 personnes se sont rassemblées place de la Madeleine pour rendre hommage à Paul Varry. Organisé par Paris en Selle, ce rassemblement visait à souligner l’importance de poursuivre le combat de Paul pour une ville plus respectueuse des cyclistes et des piétons. Les participants ont rappelé que c’est ce pour quoi il se battait qui, tragiquement, lui a coûté la vie.
Son frère, Antoine Varry, a également pris la parole pour honorer la mémoire de son frère, soulignant sa bienveillance et son ambition. Selon Antoine, Paul envisageait de poursuivre ses études aux États-Unis et avait récemment acheté un appartement à Paris, témoignant de sa volonté de construire un avenir solide.
L’un des éléments les plus marquants de la personnalité de Paul Varry était son calme et son sang-froid, même dans des situations tendues. Pourtant, c’est dans une altercation avec un automobiliste que sa vie a pris fin. Cet incident souligne la violence routière à laquelle sont confrontés de nombreux cyclistes à Paris et dans d’autres grandes villes.
L’altercation a eu lieu alors que Paul circulait sur une piste cyclable. Selon les premiers témoignages, après un différend avec l’automobiliste, ce dernier aurait volontairement tourné ses roues dans la direction du jeune homme avant de l’écraser. L’autopsie a confirmé que le véhicule avait franchi le corps de la victime, et les images de vidéosurveillance corroborent cette version des faits.
Une enquête pour homicide volontaire
L’affaire est désormais entre les mains de la justice. L’automobiliste de 52 ans, qui conduisait un SUV, a été placé en garde à vue avant d’être mis en examen pour homicide volontaire. Les enquêteurs du 1er district de police judiciaire (DPJ) ont rassemblé de nombreux éléments indiquant que le geste du conducteur n’était pas accidentel. Le prévenu a cependant plaidé l’accident, expliquant qu’il avait agi dans la panique.
Cet événement tragique met en lumière les tensions croissantes entre automobilistes et cyclistes dans les grandes villes, où la cohabitation sur la route est souvent difficile. En 2023, 226 cyclistes sont morts sur les routes françaises, un chiffre en constante augmentation.