Depuis plusieurs mois, le groupe Inditex, maison mère de Zara, multiplie les fermetures de magasins dans de nombreuses villes françaises de taille moyenne. Des boutiques situées à Saint-Nazaire, Valence ou encore Angoulême ont déjà définitivement baissé le rideau. Ces décisions s’inscrivent dans une stratégie globale de modernisation et d’adaptation face à une concurrence accrue et à des changements dans les habitudes de consommation.
Inditex, qui regroupe également les marques Bershka, Pull & Bear et Stradivarius, a drastiquement réduit son nombre de magasins à l’échelle mondiale, passant de 7 412 en 2020 à 5 700 en 2024. En France, l’enseigne Zara comptait encore 273 boutiques réparties dans 80 villes, mais ce chiffre est appelé à diminuer.
Une volonté de privilégier les grandes villes et l’e-commerce
L’une des raisons principales avancées par Inditex pour ces fermetures est la nécessité de moderniser ses espaces de vente. Les boutiques jugées trop petites ou incapables d’offrir des services modernes, comme les caisses automatiques ou le click and collect, sont progressivement fermées. Cette transformation va de pair avec une montée en gamme de la marque Zara, qui propose désormais des articles plus coûteux, comme des vestes en cuir à 450 euros ou des collaborations prestigieuses, visant à redorer son image.
L’autre axe de la stratégie d’Inditex repose sur l’investissement massif dans l’e-commerce. Les ventes en ligne du groupe ont connu une augmentation spectaculaire, représentant désormais une part significative du chiffre d’affaires. En injectant plusieurs milliards d’euros dans ce canal, le géant espagnol vise à renforcer sa position sur ce marché en plein essor, souvent préféré par les consommateurs post-pandémie.
Des fermetures qui suscitent des réactions
Les fermetures de boutiques Zara dans les villes moyennes ne sont pas sans conséquences. Les centres commerciaux et les mairies des villes concernées expriment leur mécontentement face à ces décisions. David Samzun, maire de Saint-Nazaire, dénonce ce qu’il perçoit comme un mépris pour les efforts réalisés pour dynamiser le centre-ville. Pour lui, cette stratégie renforce le sentiment de déclassement des populations locales.
De son côté, Jean-Michel Sarget, directeur du centre commercial Ruban Bleu à Saint-Nazaire, affirme que les magasins fermés étaient rentables, avec une croissance annuelle du chiffre d’affaires de 10 % depuis 2018. Il critique une logique de course au profit, où seules les grandes villes et les boutiques modernes semblent être privilégiées.
Inditex promet de reclasser les salariés des boutiques fermées. Cependant, aucune garantie géographique n’est offerte, ce qui pose problème à de nombreux employés qui pourraient être contraints de quitter leur région pour conserver leur poste.
Une stratégie globale, mais un avenir incertain pour les villes moyennes
Bien qu’Inditex insiste sur le fait qu’il ne délaisse pas systématiquement les villes moyennes — avec des boutiques encore présentes à Bourges, Pau ou Brest —, la tendance semble claire. Les magasins situés dans des zones jugées moins stratégiques ou ne correspondant pas aux nouvelles ambitions de la marque risquent de disparaître.
Cette politique pose des questions sur l’avenir des centres-villes français, déjà fragilisés par la pandémie, l’inflation et le développement des plateformes en ligne. Les fermetures de Zara pourraient laisser des espaces vacants difficiles à combler, affectant l’attractivité et la vitalité de ces zones commerciales.
Si la stratégie d’Inditex vise à s’adapter aux défis modernes, elle suscite également des interrogations. Entre la montée en gamme, la modernisation et la priorité donnée au digital, Zara se transforme pour répondre aux attentes d’un marché en mutation. Cependant, le départ de cette enseigne emblématique pourrait accélérer la désertification commerciale de nombreuses villes moyennes, laissant un vide que peu d’acteurs pourront combler.
