La Haute Autorité de santé (HAS), missionnée par le ministère des Solidarités et de la Santé, a publié un rapport préliminaire visant à établir un cadre clair pour l’accompagnement des personnes transgenres. Ce document suggère la mise en place d’un parcours de transition de genre accessible dès l’âge de 16 ans, avec un remboursement intégral par la sécurité sociale.
L’objectif principal est de garantir un accueil bienveillant et adapté aux personnes transgenres, dès leur demande de transition. Selon la HAS, les professionnels de santé doivent être spécifiquement formés pour répondre aux attentes des demandeurs et élaborer un parcours de transition personnalisé. Ce parcours inclut des consultations initiales, une mise sous hormones et, dans certains cas, l’accès à des interventions chirurgicales.
La mise sous hormones et les chirurgies accessibles
La HAS recommande de faciliter l’accès à la mise sous hormones pour les personnes transgenres. Les prescriptions, actuellement restreintes aux endocrinologues, pourraient être élargies aux médecins généralistes formés, afin de réduire les délais d’attente. Ces traitements hormonaux seraient intégralement pris en charge par le système de santé.
En ce qui concerne les chirurgies d’affirmation de genre, telles que la féminisation ou masculinisation du visage, les interventions thoraciques (comme la mammectomie ou la pose de prothèses mammaires) et les chirurgies vocales, la HAS préconise un accès sans délais supplémentaires. Pour les mineurs de 16 à 18 ans, une concertation pluridisciplinaire est cependant requise, notamment pour les interventions génitales, qui restent interdites avant 18 ans en France.
Pour les mineurs, la HAS met en avant l’importance du soutien parental. Elle souligne que l’absence d’acceptation parentale peut aggraver la santé mentale des jeunes concernés et mettre leur bien-être en danger. Si les parents s’opposent à la transition, des médiations sont recommandées. En cas d’échec, l’autorité publique prévoit des mesures pouvant aller jusqu’à une délégation partielle de l’autorité parentale. Dans les cas les plus graves, une déchéance parentale pourrait être envisagée.
Le rapport insiste également sur l’intégration des associations transgenres dans le parcours de soins. Ces dernières devraient bénéficier de soutiens financiers et être pleinement intégrées dans les réseaux de santé, afin de garantir un accompagnement holistique des demandeurs.
Alors que la France avance vers un accès universel à la transition de genre dès 16 ans, d’autres pays européens adoptent une approche plus prudente. Par exemple, le Royaume-Uni et la Suède ont récemment restreint l’utilisation des bloqueurs de puberté pour les mineurs, invoquant des risques pour la santé. Ces divergences témoignent d’un débat complexe sur la question, où la France semble adopter une posture plus progressiste.
La HAS prévoit de finaliser ce rapport en 2025. Si les recommandations sont adoptées, elles pourraient marquer un tournant dans l’accompagnement des personnes transgenres en France, en instaurant un véritable service public dédié à la transition de genre, accessible dès 16 ans et soutenu par un réseau de soins structuré et inclusif.