En 2023, 31,1 % des Français âgés de 18 à 75 ans déclaraient fumer, selon une étude menée par Santé publique France. Cette proportion, stable par rapport aux années précédentes, montre que le tabagisme reste ancré dans la société malgré les campagnes anti-tabac. Parmi eux, 23,1 % fument quotidiennement, soit une baisse par rapport aux années précédentes, atteignant un niveau record.
Le tabagisme, largement dominé par la consommation de cigarettes, demeure une des principales causes de décès évitables en France. Il est responsable de cancers, de maladies cardiovasculaires et de troubles respiratoires, représentant environ 75 000 décès par an.
Une baisse mesurée mais encourageante
Entre 2021 et 2023, la proportion de fumeurs quotidiens est passée de 25,3 % à 23,1 %, marquant une tendance positive. Cette baisse reste cependant modeste sur le court terme et masque une stabilité globale du tabagisme, avec une augmentation des fumeurs occasionnels, qui atteignent 8 % en 2023.
Cette évolution s’inscrit dans une dynamique amorcée à la fin des années 2010, portée par des campagnes nationales comme le Mois Sans Tabac, ainsi que par des hausses progressives du prix des cigarettes.
Le vapotage continue de se développer en parallèle. En 2023, 8,3 % des Français âgés de 18 à 75 ans déclaraient vapoter, une proportion en hausse constante depuis 2016. La cigarette électronique, bien qu’elle ne soit pas sans risques, est perçue par de nombreux fumeurs comme une alternative moins nocive.
Des inégalités sociales persistantes
L’étude met en évidence des disparités sociales significatives dans la consommation de tabac. Les personnes ayant des revenus faibles ou un niveau d’éducation limité sont les plus touchées. Par exemple, le tabagisme quotidien atteint 28,9 % chez les personnes non diplômées, contre 16,6 % chez celles ayant un diplôme supérieur au baccalauréat.
Ces inégalités reflètent des difficultés d’accès aux ressources pour arrêter de fumer et un environnement souvent plus favorable à la consommation de tabac.
Malgré ces disparités, des progrès ont été constatés dans les catégories socioéconomiques les moins favorisées. Entre 2021 et 2023, le tabagisme a diminué chez les personnes au chômage, les moins diplômées et celles ayant les revenus les plus bas.
Les politiques de lutte contre le tabac
Face à ces enjeux, la France a présenté un nouveau plan de lutte contre le tabagisme en 2023. Ce plan inclut une augmentation progressive du prix des cigarettes, avec un objectif de 13 euros par paquet d’ici 2027, et des initiatives pour renforcer l’accès aux traitements d’aide au sevrage.
Les ventes de tabac continuent de baisser. En 2023, les bureaux de tabac ont enregistré 37 120 tonnes de tabac vendues, contre 43 188 tonnes en 2021, soit une diminution de 14 % en deux ans.
Certains pays adoptent des stratégies plus agressives pour éradiquer le tabac. Le Royaume-Uni envisage par exemple d’interdire la vente de cigarettes à toute personne née après 2009, tandis que la Nouvelle-Zélande a déjà adopté une législation similaire. Ces mesures visent à créer des générations sans tabac, un objectif que la France ambitionne également d’atteindre d’ici 2032.
L’objectif fixé par les autorités sanitaires françaises est d’atteindre moins de 5 % de fumeurs parmi les adultes nés après 2014. Si des efforts significatifs sont encore nécessaires, les tendances récentes montrent que des changements sont possibles grâce à une combinaison de campagnes de prévention, de mesures législatives et de soutien au sevrage. La 9e édition du Mois Sans Tabac en novembre 2023 a incité de nombreux fumeurs à envisager l’arrêt, renforçant l’espoir d’une société moins dépendante au tabac.