Un transfert programmé depuis l’Italie
Âgé de 60 ans, Marco Mouly, dont le véritable nom est Mardoché Mouly, a été interpellé à Rome à la fin du mois de mars, en exécution d’un mandat d’arrêt international. Ce mercredi, il doit être extradé vers la France, son avion étant attendu à Roissy en fin de journée. Ce transfert marque une nouvelle étape judiciaire dans un long feuilleton pénal aux ramifications complexes.
En novembre dernier, Mouly a été condamné à trois ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris. Il lui était reproché d’avoir volontairement organisé son insolvabilité afin d’éviter de rembourser ses dettes judiciaires. L’un des motifs retenus contre lui : la dissimulation de revenus liés à ses activités d’auteur et d’influenceur.
Selon les juges, Marco Mouly aurait minoré ses droits d’auteur sur le livre La cavale (2022), coécrit chez HarperCollins. Il aurait également caché une partie de ses gains liés à un partenariat avec Magali Berdah, ancienne figure de l’influence en ligne, et son mari, Stéphane Teboul. À cela s’ajoute la création d’une société fictive, la SAS I Trade, sans activité commerciale réelle.
Si son nom est connu, c’est avant tout pour sa participation à l’une des plus grandes fraudes fiscales de l’histoire récente en France. Mouly a été condamné en appel en juin 2017 à huit ans de prison pour sa part dans l’affaire de la « taxe carbone », une arnaque à la TVA estimée à plusieurs centaines de millions d’euros.
Il avait été reconnu solidairement responsable avec d’autres prévenus, dont Arnaud Mimran, pour le versement de plus de 283 millions d’euros à l’État français. Une condamnation qui a marqué un tournant dans la lutte contre les fraudes à grande échelle.
Cette escroquerie spectaculaire a inspiré une série documentaire signée Guillaume Nicloux et diffusée en 2021 : Les Rois de l’arnaque. Mouly y tient une place centrale, alternant anecdotes fracassantes et confessions parfois déroutantes.
Des commentaires qui divisent
L’extradition imminente du « roi de l’arnaque » ne fait pas l’unanimité. Son avocat, Me Philippe Ohayon, s’est étonné de l’ampleur prise par cette affaire.
« Toute cette mobilisation étonne pour une affaire d’un intérêt secondaire pour l’ordre public »
Il évoque un traitement judiciaire et médiatique disproportionné, alors même que son client a déjà purgé plusieurs peines de prison et continue d’être poursuivi dans d’autres affaires connexes.
Un personnage sulfureux toujours médiatique
Même sous les condamnations, Marco Mouly reste une figure qui fascine. Sur les réseaux comme à l’écran, il cultive une image d’escroc flamboyant, naviguant entre provocations publiques et déclarations assumées. En Israël, à Tel-Aviv, il s’était récemment montré à visage découvert, se disant « libre de ses mouvements ».
Mais cette fois, c’est bien la justice française qui reprend la main. Après son atterrissage à Paris, il devrait être présenté à un magistrat pour exécution du mandat. La suite judiciaire dépendra alors de l’appréciation de la cour d’appel de Paris.