Les affections de longue durée dans le viseur
Premier chantier annoncé : la réforme des affections de longue durée (ALD). Ces pathologies graves comme le cancer, le diabète ou les maladies cardiovasculaires concernent plus de 13 millions de Français. Aujourd’hui, leurs soins sont pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Une couverture jugée trop large dans le contexte actuel.
« En France, 20 % des patients sont en ALD, contre seulement 5 % en Allemagne. Je ne pense pas que les Allemands soient moins bien soignés que nous », a lancé François Bayrou pour justifier ce recentrage.
Concrètement, le gouvernement souhaite retirer le statut ALD lorsque la situation médicale du patient ne le justifie plus. Par exemple, une personne en rémission de cancer pourrait perdre sa couverture à 100 %. Si la maladie revient plus tard, le statut pourrait être réactivé.
Cette mesure soulève de vives critiques. Les associations redoutent que les patients les plus fragiles soient les premiers impactés.
« Il n’est pas acceptable de faire peser l’effort sur les malades chroniques », a réagi Gérard Raymond, président de France Assos Santé.
Franchise doublée sur les médicaments
Autre mesure phare : le passage de la franchise médicale annuelle de 50 à 100 euros. Cela signifie que chaque Français paiera davantage de sa poche avant d’être remboursé par la Sécurité sociale pour ses médicaments ou certains actes médicaux.
« Le principe du “c’est gratuit donc j’y ai droit” n’est plus tenable. Chaque citoyen doit être acteur de sa santé », a estimé Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé.
La franchise sera désormais prélevée directement au comptoir, une manière pour le gouvernement de rendre les coûts plus visibles pour les patients et d’encourager une consommation plus responsable.
Les arrêts maladie aussi dans la balance
Les arrêts de travail de longue durée font également partie des postes dans le viseur du gouvernement. À partir de 2026, un salarié pourra reprendre son poste après un mois d’arrêt sans avoir à passer par le médecin du travail, sauf en cas de maladie professionnelle ou d’accident du travail.
« C’est absurde d’empêcher des milliers de gens de reprendre le travail juste parce qu’il manque des médecins du travail », a affirmé Bayrou.
Des contrôles ont révélé que près de 50 % des arrêts de plus de 18 mois n’étaient plus médicalement justifiés. Cette simplification vise à désengorger le système, tout en encourageant un retour plus rapide à l’emploi.
Malgré ces mesures strictes, certaines dépenses sont préservées. Le remboursement des cures thermales par exemple, ne sera pas supprimé. Une décision qui montre que l’exécutif a fait des arbitrages pour éviter de trop heurter l’opinion publique.
Un budget de la sécurité sociale sous tension
Ces réformes seront intégrées au projet de budget 2026 de la sécurité sociale, un exercice particulièrement risqué pour le gouvernement. L’an dernier, le cabinet Barnier avait été mis en difficulté sur ce même sujet. Bayrou sait qu’il joue gros.
L’Assurance maladie affiche un déficit prévu de 16 milliards d’euros pour 2025. Ce plan vise donc à réduire les dépenses sans remettre en cause le modèle, mais il reste à voir si les annonces tiendront face aux mobilisations à venir.