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31% , c’est le taux de confiance des français dans les médias

Le taux de confiance des Français dans les médias continue de baisser, atteignant un niveau alarmant de 31% en 2024, selon le dernier rapport de l’Institut Reuters. Ce chiffre souligne un manque de confiance croissant de la population envers les sources d’information traditionnelles. Les médias, autrefois perçus comme des garants de la vérité et de la transparence, sont aujourd’hui confrontés à une défiance grandissante de la part du public, notamment en France, où cette tendance est particulièrement marquée.

Une défiance envers les médias traditionnels

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette chute de confiance. D’abord, la surcharge informationnelle joue un rôle important. Près de 46 % des Français se disent épuisés par la quantité d’informations qu’ils reçoivent chaque jour, ce qui contribue à une perception de saturation et de confusion face à l’actualité. De plus, la multiplication des canaux d’information, notamment via les réseaux sociaux, a fragmenté l’accès aux nouvelles, rendant plus difficile la distinction entre sources fiables et non fiables.

Le désintérêt pour l’information croît également. Entre 2015 et 2024, la proportion de Français très intéressés par l’actualité est passée de 59 % à 36 %, ce qui reflète une lassitude face à une actualité souvent perçue comme négative, répétitive et anxiogène.

Les médias de confiance et ceux qui suscitent la méfiance

Selon l’étude de Reuters, les médias qui inspirent le plus de confiance en France sont les journaux régionaux et départementaux, suivis des chaînes de service public comme France Télévisions et le journal Le Monde. Ces médias bénéficient d’une certaine crédibilité grâce à leur approche locale ou leur longue tradition d’indépendance éditoriale.

En revanche, certaines chaînes de télévision comme BFM TV suscitent une forte méfiance. 38 % des Français disent ne pas faire confiance à cette chaîne, et 40 % vont même jusqu’à déclarer qu’ils s’en méfient activement. Cette situation s’explique par une perception de sensationnalisme dans le traitement de l’actualité, notamment lors de grandes crises comme la pandémie de Covid-19 ou les mouvements sociaux.

Avec l’essor des réseaux sociaux et des plateformes de streaming, les habitudes d’accès à l’information évoluent rapidement. En 2024, environ 52 % des Français s’informent via des comptes alternatifs, notamment ceux de créateurs de contenu, influenceurs ou même de politiques. Parmi ces nouvelles figures, des créateurs comme Hugo Travers (Hugo Décrypte), suivi par des millions de jeunes sur YouTube et TikTok, jouent un rôle clé dans la diffusion d’informations auprès des jeunes générations. Son succès est tel que ses contenus reçoivent plus de mentions que des médias traditionnels comme Le Monde, Le Figaro et Libération réunis.

Les influenceurs comme Salomé Saqué ou Hugo Clément, avec leurs approches plus engageantes et souvent critiques envers les médias traditionnels, deviennent des relais d’information importants, en particulier sur Instagram, Twitter et TikTok.

Un paysage médiatique en pleine mutation

Le monde des médias n’échappe pas aux révolutions technologiques. L’introduction de l’intelligence artificielle (IA) dans les rédactions est une tendance croissante. En Allemagne, par exemple, certains journaux utilisent des robots pour rédiger des articles, tandis qu’en Corée du Sud, des avatars créés par IA lisent les nouvelles. En France, des médias comme Le Monde ont commencé à utiliser ChatGPT pour faciliter la traduction de leurs articles dans leur version anglaise.

Cependant, ces avancées technologiques suscitent des inquiétudes parmi les consommateurs d’information. Les utilisateurs se montrent réticents face à des contenus entièrement générés par des machines, bien qu’ils soient plus tolérants si l’IA est utilisée pour aider les journalistes. Cette méfiance traduit une crainte de la déshumanisation de l’information, qui pourrait affecter la qualité et la véracité des nouvelles.

Face à cette baisse de confiance, les médias cherchent de nouvelles stratégies de monétisation, notamment à travers les abonnements en ligne. Pourtant, l’étude de Reuters montre que cette solution peine à convaincre. En France, seulement 11 % des personnes interrogées sont abonnées à un média en ligne, ce qui est relativement faible comparé à des pays comme la Norvège (40 %) ou la Suède (31 %).

La majorité des Français (67 %) déclarent ne pas être prêts à payer pour accéder à des informations en ligne, préférant consommer des contenus gratuits. Cependant, ceux qui choisissent de s’abonner montrent un intérêt croissant pour les offres locales (19 %) ou les médias étrangers (13 %), ce qui témoigne d’une recherche d’alternatives aux médias traditionnels nationaux.

La baisse de confiance des Français dans les médias, associée à la fragmentation de l’information et à l’essor des influenceurs, soulève la question de l’avenir du paysage médiatique. Les médias traditionnels doivent aujourd’hui rivaliser avec de nouvelles formes de contenu, souvent plus interactives et adaptées aux réseaux sociaux, tout en répondant aux attentes de transparence et d’indépendance journalistique.