Une découverte inattendue à l’hôpital
Cette histoire débute lorsque la patiente, habitante de Bogotá, est transportée aux urgences pour des douleurs au ventre et des maux de tête. Les premiers examens penchent pour une gastro-entérite ou des calculs biliaires. Mais un scanner abdominal révèle tout autre chose : un amas calcifié, dont la forme laisse les médecins sans voix.
Le diagnostic tombe : il s’agit d’un fœtus mort depuis quatre décennies, resté coincé dans l’abdomen. La patiente n’a jamais su qu’elle avait été enceinte, ni ressenti de symptômes particuliers à l’époque. Son corps a tout simplement encapsulé le fœtus, comme pour s’en protéger, jusqu’à le transformer en véritable « bébé de pierre ».
Le phénomène du lithopédion
Ce cas médical est appelé lithopédion, un terme venant du grec ancien signifiant « enfant de pierre ». Il se produit lorsqu’un fœtus issu d’une grossesse extra-utérine meurt sans pouvoir être expulsé. Le corps, incapable de l’éliminer naturellement, le recouvre peu à peu de dépôts de calcium. Résultat : un fœtus fossilisé, conservé dans le ventre de la mère parfois pendant plusieurs décennies.
Ce type de grossesse survient principalement dans des régions où l’accès aux soins est limité. Les échographies de routine et les consultations prénatales manquent cruellement dans certaines zones rurales ou défavorisées. Le corps médical ne détecte pas toujours la grossesse, ce qui laisse place à cette transformation macabre.
Un phénomène extrêmement rare
À ce jour, environ 300 cas de lithopédion ont été recensés dans le monde. Parmi les plus marquants, une femme chinoise de 92 ans avait gardé un fœtus fossilisé pendant 61 ans. En Colombie, le cas présent est seulement le deuxième signalé officiellement, après celui d’une femme de 72 ans en 2000.
Pour la Colombienne de 84 ans, le corps médical prévoit une intervention chirurgicale délicate afin de retirer le fœtus. Les risques sont importants en raison de son âge avancé et des possibles complications liées à la calcification étendue. Mais le maintien du fœtus dans le corps représente également un danger sanitaire.
Un rappel sur les grossesses extra-utérines
Les grossesses extra-utérines ne sont pas rares : elles concernent environ 1 à 2 % des grossesses. En général, elles sont détectées tôt grâce aux examens médicaux. Mais sans dépistage, elles peuvent se transformer en urgence vitale ou, dans des cas exceptionnels comme celui-ci, en formation de lithopédion.
Ce qui rend ces cas encore plus impressionnants, c’est l’absence de symptômes notables pendant des années. Certaines femmes découvrent la présence du fœtus fossilisé après 20, 30 ou même 60 ans, souvent par hasard, lors d’un examen médical pour une tout autre raison.
Un mystère médical qui fascine
Le lithopédion continue de susciter la curiosité dans le monde médical. Il soulève des questions sur la résilience du corps humain, sur la manière dont l’organisme peut encapsuler un corps étranger aussi important, et sur l’impact psychologique de telles découvertes. Chaque nouveau cas documenté enrichit la littérature scientifique, mais laisse toujours une part de mystère.
Cette femme de 84 ans ignorait tout de cette grossesse passée. Elle ne saura jamais quand ni comment cela a eu lieu. Mais aujourd’hui, son histoire permet de rappeler l’importance du suivi médical et de la prévention dans les zones où les soins sont encore difficilement accessibles.