Non, ce n’est pas un incubateur.
Pas un soin intensif pour bébé prématuré.
C’est bien plus radical : une machine qui lance la vie elle-même.
Une gestation sans corps humain
Des chercheurs japonais ont réussi à faire grandir des embryons de chèvres pendant plusieurs semaines dans un environnement totalement artificiel, sans utérus. L’expérience a eu lieu à l’université de Juntendo, où l’équipe a mis au point un système ultra sophistiqué : un sac transparent rempli de liquide amniotique artificiel, relié à un système d’oxygène et de nutriments, simulant parfaitement un cordon ombilical.
C’est la première fois qu’on se rapproche aussi près de ce qu’on appelle l’ectogenèse complète : une grossesse entièrement hors du corps.
Pourquoi c’est une révolution (et pourquoi ça dérange)
Cette technologie pourrait sauver des vies, aider des personnes infertiles ou offrir une alternative aux femmes ne pouvant pas porter un enfant.
Quelques avantages concrets :
- Offrir une chance aux bébés nés très prématurément
- Éviter certaines complications graves pendant la grossesse
- Permettre à des personnes transgenres, hommes ou femmes, de devenir parents biologiquement
- Redéfinir la parentalité, au-delà du genre
Mais évidemment, cette innovation soulève de grandes questions éthiques et philosophiques :
- Peut-on vraiment déléguer la grossesse à une machine ?
- Qu’est-ce que cela change dans la relation parent-enfant ?
- Et si ces dispositifs étaient utilisés pour faire grandir des embryons sans consentement ?
Un utérus… version haute technologie
Le dispositif développé par les chercheurs japonais, c’est un peu un mélange entre une couveuse ultra sophistiquée et un ventre maternel artificiel.
Voici à quoi il ressemble :
- Un sac souple et transparent, rempli de liquide chaud
- Un système d’oxygénation et de nutrition qui remplace le placenta
- Des capteurs et une IA pour surveiller en temps réel le développement de l’embryon
On est loin de l’hôpital froid et métallique. On parle d’un espace calme, doux, pensé pour imiter au mieux l’expérience de la gestation naturelle, mais sans corps.
Pourquoi le Japon, justement ?
Ce n’est pas un hasard si cette percée a eu lieu au Japon.
Le pays est à la pointe des technologies biomédicales et robotiques, mais il fait aussi face à une crise démographique majeure.
En 2024, le Japon a enregistré le nombre de naissances le plus bas de son histoire. Malgré les aides gouvernementales, la natalité continue de chuter.
Dans ce contexte, l’utérus artificiel pourrait devenir bien plus qu’une innovation médicale : une solution sociale pour alléger la charge des mères, soutenir les familles et repenser les rôles parentaux.
Et pour les humains, c’est pour quand ?
On n’y est pas encore, mais on s’en approche.
Les spécialistes estiment qu’il faudra 10 à 15 ans avant une utilisation encadrée pour les bébés très prématurés.
Une gestation complète, du début à la fin, demandera plus de temps et une surveillance éthique extrêmement rigoureuse.
Mais la technologie de base est déjà là. Et l’histoire montre que ce qui paraît impossible aujourd’hui peut devenir courant plus vite qu’on ne le pense.
Ce que ça pourrait changer dans nos vies
Si cette technologie devient accessible et fiable, la grossesse pourrait ne plus être biologique.
Ce que cela pourrait impliquer :
- La fin des grossesses à risques
- La disparition de la gestation pour autrui
- Une parentalité possible pour tous, quel que soit le genre
- L’apparition de familles inédites : parents solos, co-parents, ADN multiple…
- La commercialisation de la gestation, avec tous les risques que cela implique
Des questions vertigineuses
- Un embryon a-t-il des droits s’il est développé dans une machine ?
- Qui décide d’interrompre une grossesse hors du corps ?
- Que se passe-t-il si l’utérus artificiel est piraté ou tombe en panne ?
- Cette technologie sera-t-elle réservée aux plus riches ?
Dès qu’on remplace un utérus par une machine, tout l’équilibre légal, moral et sociétal bascule.
Une nouvelle ère commence
Pendant des millénaires, la grossesse a été une expérience humaine, intime, parfois difficile. Désormais, elle pourrait devenir programmée, surveillée, détachée du corps.
Ce n’est plus de la science-fiction. Ce sont des prototypes en fonctionnement.
Qu’on s’en réjouisse ou que cela fasse peur, une chose est sûre : la naissance ne sera plus jamais tout à fait la même.
Le Japon développe le premier utérus artificiel permettant à des embryons de se développer hors du corps.
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) May 26, 2025
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