Richesse et bien-être : un lien plus fragile qu’on ne le pense

Peut-on vraiment mesurer notre bonheur à l’épaisseur de notre portefeuille ? Une vaste étude menée dans plus de 20 pays remet en question cette idée reçue. Les résultats montrent que l’épanouissement personnel ne suit pas toujours la courbe de la croissance économique. Et si le vrai bien-être venait d’ailleurs ?

Le bien-être : une question de dimensions multiples

Oublie l’idée que le bien-être se résume à la richesse. Les chercheurs explorent aujourd’hui une vision plus globale de l’épanouissement, en s’appuyant sur six piliers :

  • Le bonheur et la satisfaction de vie
  • La santé mentale et physique
  • Le sens et les objectifs personnels
  • Le caractère et la vertu
  • Les relations sociales fortes
  • La sécurité financière

Ces piliers forment un système interconnecté qui permet de mieux comprendre ce qui rend les gens vraiment heureux. La stabilité économique joue un rôle, mais elle ne suffit clairement pas à tout expliquer.

Les jeunes adultes face à une réalité contrastée

Contrairement aux idées reçues, les jeunes générations ne sont pas celles qui s’épanouissent le plus. Dans plusieurs pays, les personnes âgées déclarent des niveaux de bien-être plus élevés que les jeunes adultes. Pourquoi ? Une combinaison de pression sociale, de doute existentiel et d’incertitude financière pèse fortement sur les moins de 30 ans.

Le travail et la vie de couple, deux leviers essentiels

Les personnes en emploi, qu’elles soient salariées ou indépendantes, présentent des scores de bien-être bien plus élevés que celles qui sont sans activité. Être actif joue donc un rôle majeur. Même constat pour les relations amoureuses durables, qui semblent apporter un soutien émotionnel fort et un sens profond à la vie.

Et la religion dans tout ça ?

Surprise : dans des pays très laïcs comme la Suède, les personnes qui assistent régulièrement à des offices religieux obtiennent de meilleurs scores sur toutes les dimensions du bien-être. Cela semble s’expliquer par les « 4 B » :

Belonging (appartenance), Bonding (connexion), Behaving (comportement), Believing (croyance)

Les communautés religieuses offrent donc bien plus qu’un cadre spirituel : elles soutiennent concrètement la santé mentale et la construction d’un sens de la vie.

Des pays riches mais pas forcément heureux

On pourrait penser que plus un pays est riche, plus ses habitants sont épanouis. Pourtant, des pays comme le Japon ou les États-Unis, bien qu’économiquement puissants, affichent des scores modérés en matière de bien-être.

À l’inverse, l’Indonésie, le Mexique ou les Philippines, avec des niveaux de vie plus modestes, se distinguent par des niveaux élevés de soutien social, de valeurs communautaires et de spiritualité.

Ce contraste montre que la richesse ne fait pas tout. Une vie pleine de sens, entourée de proches, et ancrée dans des valeurs fortes peut compenser un manque de ressources financières.

Un modèle universel du bonheur ? Pas si simple

Si certaines dimensions du bien-être, comme la recherche de sens ou le besoin d’appartenance, sont présentes dans toutes les cultures, les chemins pour y parvenir diffèrent.

Les chercheurs soulignent l’importance d’adapter les mesures du bien-être aux réalités locales : ce qui fonctionne en Suède ne marchera pas forcément au Nigeria. Le bonheur est universel dans son essence, mais il est culturellement nuancé.

L’argent comme facteur de bien-être ? Oui, mais…

Une chose est claire : l’argent est utile pour assurer les besoins de base — logement, alimentation, sécurité. Mais au-delà d’un certain seuil, il semble avoir peu d’impact sur la satisfaction de vie. Ce sont alors les relations humaines, la santé mentale, et le soutien émotionnel qui prennent le relais.

Une alerte pour les sociétés modernes

Les données montrent une tendance préoccupante : malgré un confort matériel croissant dans les pays développés, les jeunes s’y sentent de moins en moins bien. Le bien-être des générations futures dépendra moins du PIB que de la capacité des sociétés à offrir du sens, des et un cadre de vie apaisant.

Plutôt que de viser uniquement la croissance économique, peut-être est-il temps de repenser nos priorités collectives.

Source : Nature

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