Une génération connectée… mais épuisée
Les jeunes d’aujourd’hui, souvent désignés comme la génération Z, passent en moyenne plusieurs heures par jour sur leurs écrans. Selon les données recueillies, 45 % d’entre eux passent au moins 3 heures par jour sur les réseaux sociaux. Et un tiers joue en ligne plus de 2 heures par jour. Entre vidéos courtes, lives, messages et scroll infini, le temps s’évapore. Pourtant, malgré cette immersion digitale, une lassitude s’installe.
Ce paradoxe est frappant : ils vivent sur Internet mais ne s’y sentent pas bien. Beaucoup reconnaissent que le numérique a un impact négatif sur leur bien-être, et qu’il alimente stress, comparaison et isolement.
Des failles dans la maîtrise du numérique
Le rapport met aussi en lumière un manque de confiance des jeunes dans leur capacité à gérer leur présence en ligne. Par exemple :
- 40 % ne savent pas repérer un faux compte
- 47 % ne comprennent pas comment leurs données sont utilisées
- 61 % peinent à ajuster les paramètres de confidentialité
- 42 % ignorent l’impact de leurs propres actions en ligne
Ces chiffres montrent un vrai besoin d’éducation au numérique, mais aussi une prise de conscience collective : être né avec Internet ne veut pas dire savoir s’en protéger.
Un ras-le-bol qui pousse au rejet
Le chiffre qui marque, c’est celui-là : 46 % des jeunes interrogés disent préférer un monde sans Internet. Ce sentiment est encore plus fort chez les jeunes femmes, avec 52 % d’entre elles qui souhaitent une vie déconnectée. Le rejet de l’univers numérique prend racine dans des expériences personnelles : harcèlement, perte d’intimité, fatigue mentale.
Et pour beaucoup, le numérique n’est plus un outil mais une contrainte. Ils subissent les algorithmes, les attentes de perfection, les notifications sans fin. Certains vont même jusqu’à demander des limites concrètes : plus de contrôle parental, vérification d’âge sur les plateformes, ou temps d’écran imposé.
Des jeunes divisés sur les solutions
La moitié des répondants soutiennent l’idée d’un contrôle plus strict sur Internet, notamment via la vérification d’âge pour accéder à certains contenus. Les plus de 18 ans sont plus favorables à ce type de régulation, alors que les plus jeunes (16-17 ans) sont plus réticents, souvent car ils se sentent directement visés.
Autre point de débat : l’accompagnement. Ils sont autant à vouloir de l’aide pour se protéger en ligne… qu’à ne pas en vouloir du tout. Un reflet fidèle de la complexité de leur rapport au numérique : tiraillés entre autonomie et besoin de cadre.
Une fracture numérique émotionnelle
Ce qui se dessine en toile de fond, c’est une fracture émotionnelle. Les jeunes ne rejettent pas uniquement la technologie : ils rejettent la façon dont elle est conçue et imposée. L’algorithme, pensé pour capter l’attention, devient source de mal-être. Les comparaisons constantes, les likes, les filtres, tout cela les pousse à remettre en question la place qu’occupe Internet dans leur vie.
Certains réclament même des mesures radicales : limiter l’accès aux réseaux après une certaine heure, interdire les téléphones à l’école, forcer les plateformes à proposer des espaces réellement sécurisés.
Un besoin de déconnexion pour se reconnecter à soi
Face à cette overdose digitale, de plus en plus de jeunes testent des alternatives : pauses réseaux, journées sans écran, téléphones minimalistes. Pour eux, déconnecter, ce n’est pas fuir le monde, c’est s’y reconnecter autrement : retrouver du temps, de l’authenticité, du lien réel.
Ce rêve d’un monde sans Internet, c’est peut-être moins un refus de la technologie qu’un appel à la repenser. Un Internet moins toxique, moins intrusif, plus humain.
Source : enquête bsigroup