Une planète entre deux mondes
Découverte par la mission TESS (Transiting Exoplanet Survey Satellite) de la NASA, TOI-1846 b se situe dans une catégorie rare : le fameux « radius gap ». Elle mesure presque deux fois la taille de la Terre et affiche une masse environ quatre fois supérieure. Trop grosse pour être qualifiée de planète rocheuse classique, mais trop petite pour être une mini-Neptune, elle occupe une zone intermédiaire encore peu comprise par les scientifiques.
TOI-1846 b orbite autour d’une étoile naine rouge, bien plus petite et plus froide que notre Soleil. Sa distance avec son étoile est extrêmement réduite : elle boucle une révolution complète en seulement 3,93 jours, bien plus rapide que Mercure dans notre système solaire. Cela signifie qu’elle est soumise à une chaleur intense, estimée à près de 600°F (soit plus de 300°C).
Malgré cette température élevée, les chercheurs n’excluent pas la présence d’eau. Selon les modèles actuels, elle pourrait posséder un noyau rocheux, une couche de glace dense, voire un océan peu profond ou une fine atmosphère.
Un signal lumineux intrigant
La planète a été repérée grâce à un phénomène récurrent : un affaiblissement périodique de la lumière de son étoile. Chaque année, TESS détecte le même motif lumineux en mars, comme si quelque chose bloquait régulièrement une partie de la lumière émise.
« Nous avons validé TOI-1846 b à l’aide de données photométriques multicolores au sol, d’imagerie à haute résolution et d’observations spectroscopiques », explique Abderahmane Soubkiou, chercheur principal à l’observatoire d’Oukaimeden au Maroc.
Ce signal précis a aussi permis aux astronomes d’évaluer sa densité : environ 4,2 g/cm³, ce qui suggère une composition complexe. La planète pourrait être verrouillée gravitationnellement, avec une face constamment tournée vers son étoile, et l’autre dans une nuit éternelle. Ce contraste thermique extrême pourrait créer des zones plus froides où l’eau pourrait se stabiliser.
Une cible idéale pour les télescopes du futur
TOI-1846 b est déjà dans le viseur du James Webb Space Telescope. Grâce à son observation en infrarouge, les chercheurs espèrent détecter des traces de vapeur d’eau, de méthane, de dioxyde de carbone ou d’autres gaz. Ces éléments pourraient indiquer une atmosphère propice à certaines formes de stabilité chimique, voire biologique.
Au sol, des télescopes comme le Gemini Observatory à Hawaï participent à l’effort de caractérisation, notamment grâce à l’instrument MAROON-X. Ce dispositif mesure le léger mouvement de l’étoile provoqué par la gravité de la planète, ce qui permet de confirmer sa masse et de repérer d’éventuelles planètes voisines.
Justement, certains signaux laissent penser qu’une seconde planète pourrait partager le même système. Elle serait plus éloignée de l’étoile et donc dans une zone plus tempérée, potentiellement plus hospitalière à la vie.
Un terrain d’étude pour la recherche spatiale
Les naines rouges comme celle qui abrite TOI-1846 b représentent environ 75 % des étoiles de la Voie lactée. Cela signifie que de nombreuses planètes similaires pourraient exister autour de ces étoiles discrètes mais nombreuses. Étudier TOI-1846 b revient donc à explorer un archétype de planète qui pourrait être répandu dans notre galaxie.
TESS a déjà permis d’identifier plus de 7 600 exoplanètes candidates depuis son lancement, dont plus de 600 ont été confirmées. Ce type de découverte s’accélère avec le perfectionnement des technologies d’observation. TOI-1846 b est un parfait exemple de ces mondes lointains que nous commençons tout juste à comprendre.
