Alcool chez les jeunes, les réseaux sociaux pointés du doigt

La consommation d’alcool chez les jeunes est un problème de santé publique qui prend une nouvelle ampleur avec l’explosion des réseaux sociaux. Addictions France a publié un rapport accablant dénonçant le rôle des plateformes comme Instagram et TikTok dans la promotion de l’alcool auprès des jeunes. Entre contenus sponsorisés et partenariats avec des influenceurs, les marques d’alcool semblent avoir trouvé un nouveau terrain de jeu pour cibler un public jeune et influençable.
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Une stratégie marketing massive et ciblée

Entre juin 2021 et janvier 2024, Addictions France a observé pas moins de 11 300 publications valorisant la consommation d’alcool sur les réseaux sociaux. Ces contenus proviennent aussi bien de marques que d’influenceurs suivis par des millions de jeunes. 46 % de ces publications proviennent d’influenceurs, et 802 marques d’alcool ont été identifiées, dont les plus actives sont Ricard, Heineken et Apérol.

Ces publicités, souvent subtilement intégrées dans les stories et les publications, apparaissent comme des contenus attrayants et esthétiquement travaillés. Le message est clair : l’alcool est associé à la convivialité, aux fêtes et à la bonne humeur. Le but de ces campagnes ? Toucher les jeunes aujourd’hui pour en faire les consommateurs de demain. Selon une étude, 82 % des jeunes de 15 à 25 ans voient des publicités pour de l’alcool chaque semaine sur leurs smartphones.

Le rôle des influenceurs dans la promotion de l’alcool

Les influenceurs jouent un rôle clé dans cette stratégie marketing. Prenons l’exemple du gin Bombay Sapphire, qui a multiplié les collaborations avec des créateurs de contenu pour toucher un public jeune. En trois ans, l’association Addictions France a relevé 340 contenus sponsorisés par cette marque. Ces influenceurs, avec des millions de followers, sont souvent perçus comme des modèles par les adolescents et jeunes adultes, ce qui leur donne une influence considérable sur leurs comportements.

Selon le rapport, 25 % des jeunes exposés à ces contenus déclarent avoir envie de consommer de l’alcool après les avoir vus. Le lien entre l’exposition régulière à ces publicités et l’augmentation des comportements de consommation excessive chez les jeunes devient alors évident.

Les dangers de la consommation d’alcool chez les jeunes

La promotion agressive de l’alcool sur les réseaux sociaux inquiète les experts de santé publique. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, près de 15 % des collégiens de 4e et 3e ont déjà connu des épisodes de binge drinking (consommation excessive d’alcool sur une courte période).

L’alcool reste l’un des principaux facteurs de risques pour la santé chez les jeunes :

  • Première cause d’hospitalisation liée à une consommation excessive.
  • Deuxième cause de mortalité évitable en France.
  • Facteur de risque pour le cancer et les accidents de la route.

Ces chiffres démontrent l’importance de réguler la promotion de l’alcool, notamment sur les réseaux sociaux, qui deviennent des plateformes de plus en plus puissantes pour influencer le comportement des jeunes.

La loi Évin : un cadre dépassé ?

La loi Évin, qui encadre la publicité pour l’alcool depuis 1991, semble aujourd’hui dépassée à l’ère des réseaux sociaux. Bien qu’elle impose des limites strictes à la promotion de l’alcool dans les médias traditionnels, cette législation est souvent contournée en ligne. Les marques exploitent les failles des réseaux sociaux pour diffuser des contenus publicitaires sans réel contrôle.

Addictions France plaide donc pour une interdiction totale de la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux. L’association critique également la loi de juin 2023 sur les influenceurs, qui n’a pas interdit explicitement les partenariats publicitaires en lien avec l’alcool.

Les sanctions actuelles pour les marques qui enfreignent la loi sont jugées non dissuasives par Addictions France. Une amende de 75 000 € semble dérisoire face aux millions investis par les grands groupes dans leurs campagnes de publicité. L’association appelle donc à un renforcement des sanctions et à une meilleure surveillance des contenus en ligne pour limiter l’exposition des jeunes à ces publicités.

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