Quatre ans après l’assassinat du professeur Samuel Paty, l’ouverture du procès des huit adultes impliqués dans cet acte terroriste marque une étape cruciale. Le 16 octobre 2020, l’enseignant d’histoire-géographie a été tué près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine par Abdoullakh Anzorov, un réfugié tchétchène radicalisé. Aujourd’hui, le tribunal cherche à déterminer les responsabilités de ces accusés dans cet attentat qui a profondément marqué la France.
Le procès, prévu pour durer jusqu’au 20 décembre, s’intéresse à la participation présumée des accusés, âgés de 22 à 65 ans. Deux d’entre eux sont jugés pour complicité d’assassinat terroriste, tandis que six autres doivent répondre de l’association de malfaiteurs terroriste criminelle. Ces charges graves impliquent des peines allant de trente ans de réclusion à la perpétuité.
Parmi les accusés, Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud se trouvent au cœur de l’affaire. Amis proches d’Anzorov, ils l’auraient accompagné dans l’achat des armes utilisées lors de l’attaque. Epsirkhanov, âgé de 23 ans, reconnaît avoir tenté de se procurer une arme de poing pour le terroriste, sans succès. Quant à Boudaoud, 22 ans, il a conduit Anzorov pour l’achat de pistolets airsoft.
Brahim Chnina, le père de la collégienne à l’origine de la polémique, est également jugé. Son rôle dans la diffusion de vidéos dénonçant Samuel Paty et la divulgation d’informations personnelles de l’enseignant ont contribué à amplifier la tension autour de l’affaire. Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste connu pour son activisme, est accusé d’avoir participé à la diffusion de fausses informations qui ont attisé la haine.
L’histoire débute avec un mensonge : la collégienne, absente du cours sur la liberté d’expression le 6 octobre, raconte à son père que Samuel Paty a demandé aux élèves musulmans de quitter la salle avant de montrer des caricatures de Mahomet. Ce récit, bien que démenti plus tard, déclenche une série de réactions qui mènent à l’implication de Chnina et de Sefrioui.
Le 7 octobre, Brahim Chnina publie des vidéos sur les réseaux sociaux accusant Samuel Paty de comportement islamophobe. Cette campagne prend de l’ampleur, et des menaces commencent à se manifester. Abdoullakh Anzorov, sensibilisé par ces vidéos, prend contact avec Chnina à plusieurs reprises entre le 9 et le 13 octobre.
Le procès des huit accusés doit non seulement établir leur rôle dans la mort de Samuel Paty, mais aussi examiner les implications de leurs actes sur l’ensemble du déroulement de l’affaire. Si certains nient toute implication consciente, les faits et échanges relevés par l’enquête suggèrent une participation qui pourrait leur valoir des condamnations sévères.