Aurélien Poirson-Atlan est l’homme derrière l’identité controversée de Zoé Sagan, un pseudonyme devenu synonyme de désinformation sur les réseaux sociaux. À travers ce personnage, il a créé un univers complexe mêlant fiction, provocations, et accusations sans fondement, secouant les sphères médiatiques et politiques. Mais qui est cet homme qui se cache derrière cette figure énigmatique ?
L’émergence de Zoé Sagan
Lancé en janvier 2019, le compte Zoé Sagan a rapidement attiré l’attention avec son style provocateur et ses déclarations incendiaires. Zoé Sagan se présentait comme « la première intelligence artificielle féminine du 21e siècle », une identité qui se voulait à la fois futuriste et rebelle. Mais cette apparence n’était qu’une façade pour une série d’attaques diffamatoires et de fausses informations, souvent lancées sans preuves ni fondements.
Le véritable coup d’éclat de Zoé Sagan est survenu en 2020, lorsque le compte a été l’un des premiers à diffuser les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, alors candidat à la mairie de Paris. Ces images, publiées par l’activiste russe Piotr Pavlenski, ont mis fin à la carrière politique de Griveaux. Cet épisode a propulsé Zoé Sagan sur le devant de la scène, en tant que vecteur de scandales.
Derrière le masque de Zoé Sagan se cache Aurélien Poirson-Atlan, un publicitaire et écrivain. Formé dans le monde de la publicité, Poirson-Atlan a toujours eu un goût pour la provocation et la manipulation des médias. Il a même revendiqué avoir créé un nouveau genre littéraire qu’il appelle « infofiction », une fusion entre l’information et la fiction, destinée à brouiller les frontières entre la réalité et l’invention. Il a publié plusieurs livres sous le pseudonyme de Zoé Sagan, dans lesquels il pousse encore plus loin sa critique du système médiatique et des élites.
Des campagnes de désinformation ciblées
Zoé Sagan n’a pas simplement relayé des informations, elle les a aussi inventées et déformées. Parmi ses cibles figuraient des personnalités politiques, des journalistes, et des figures publiques. Elle a lancé des accusations sans preuves, comme celle affirmant que Brigitte Macron serait une femme transgenre, ou encore la diffusion d’une liste d’acteurs accusés de violences sexuelles sans aucun fondement.
L’une des caractéristiques de Zoé Sagan était sa capacité à feuilletonner ses fausses révélations, en promettant régulièrement de futures preuves « fracassantes ». Cette stratégie lui permettait de maintenir l’attention de ses abonnés, tout en évitant de devoir fournir des preuves concrètes. Cette méthode, combinée à un rythme de publication effréné, a contribué à maintenir le compte en tête de l’actualité sur les réseaux sociaux.
Grâce aux changements introduits par Elon Musk sur la plateforme X, Zoé Sagan a pu accroître son influence. Avec près de 200 000 abonnés, le compte est devenu une voix puissante dans l’écosystème de la désinformation en ligne. Aurélien Poirson-Atlan a également tissé des liens avec des figures controversées, comme Xavier Poussard, directeur du média d’extrême droite Faits & Documents, ce qui a encore renforcé le caractère polémique de son activité.
Cette association a permis à Zoé Sagan de diffuser des rumeurs et des fausses informations à un public plus large, tout en s’ancrant dans des réseaux complotistes. Cette collaboration a été confirmée par des figures comme Alain Soral, qui a souligné les liens entre Poirson-Atlan et certains milieux de l’extrême droite.
Des procédures judiciaires et une suspension inévitable
Les activités de Zoé Sagan n’ont pas tardé à attirer l’attention des autorités. Plusieurs personnalités, dont Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch, ont déposé plainte contre Aurélien Poirson-Atlan pour cyberharcèlement, diffamation et injure publique. Les attaques incessantes et les fausses informations diffusées par Zoé Sagan ont finalement conduit à la suspension du compte sur la plateforme X en juillet 2024. Cette action marque une tentative de la plateforme de limiter la propagation de la désinformation, même si le problème est loin d’être résolu.
Ce qui pousse Aurélien Poirson-Atlan dans sa démarche reste en partie un mystère. Derrière le masque de l’infofiction, il semble y avoir une volonté de défier et de déstabiliser les structures de pouvoir, mais aussi de jouer avec les limites de la liberté d’expression et de la manipulation médiatique. Zoé Sagan a souvent été présentée comme une révolte contre un système médiatique perçu comme complice des élites, mais en réalité, ses actions ont surtout alimenté la confusion et la méfiance envers les médias traditionnels.
L’après Zoé Sagan : quel héritage ?
La suspension de Zoé Sagan ne signifie pas la fin du débat sur la désinformation et les fake news. L’épisode Zoé Sagan a mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les réseaux sociaux et les médias dans la lutte contre la désinformation. Il pose également des questions sur la responsabilité des plateformes dans la diffusion de contenus faux ou calomnieux. Quant à Aurélien Poirson-Atlan, il reste à voir quelle direction prendra sa carrière après cette expérience controversée.
Le personnage de Zoé Sagan est un exemple frappant de la manière dont la frontière entre la fiction et la réalité peut être manipulée pour servir des objectifs souvent troubles. Son histoire rappelle que, dans le monde numérique, les identités peuvent être façonnées, utilisées et exploitées de manière à influencer l’opinion publique, souvent avec des conséquences bien réelles.
