Ce mercredi, Bernard Pallot, 78 ans, a été acquitté par la cour d’assises de Troyes où il était jugé pour l’assassinat de son épouse Suzanne. Accusé d’avoir étranglé sa femme malade pour lui épargner des souffrances, l’ancien professeur a reconnu les faits, précisant qu’il agissait à la demande expresse de son épouse. Cette décision de justice ravive le débat en France autour de l’aide à mourir et de l’euthanasie.
Le contexte de l’affaire
Bernard Pallot, retraité et sans casier judiciaire, s’occupait de Suzanne, atteinte de plusieurs maladies graves, notamment une pneumopathie chronique et une ostéoporose avancée. Le 11 octobre 2021, dans une tentative désespérée, Pallot avait tenté d’injecter du cyanure à sa femme, avant de finalement l’étrangler avec un câble. « Je n’avais pas le choix, c’était ce qu’elle voulait », a-t-il déclaré. Une lettre retrouvée près du corps indique :
Je soussignée, Pallot Suzanne, demande à mon mari de me soulager définitivement des souffrances incurables que je supporte.
L’avocat général, Mickaël Le Nouy, a requis huit ans de prison, estimant que malgré les circonstances, Pallot avait prémédité son acte. Selon lui, même si l’intention était d’abréger les souffrances de Suzanne, ce geste reste illégal : « On ne peut pas s’arroger le droit de tuer ». L’avocat a insisté sur la gravité des faits, les qualifiant d’« acte déterminé, froid et violent ».
Maître Frédéric Verra, avocat de la défense, a plaidé pour l’acquittement de son client, rappelant qu’il avait agi sous « contrainte morale », et en réponse à la souffrance insoutenable de son épouse. Verra a également fait appel à l’opinion publique, mentionnant le manque de législation en France sur l’euthanasie et la fin de vie. « Si la loi avait évolué, mon client ne serait pas là aujourd’hui », a-t-il affirmé, faisant référence au débat parlementaire en cours sur le droit à l’aide à mourir.
Un procès révélateur des lacunes légales
Ce verdict met en lumière un vide juridique concernant la fin de vie en France, où l’euthanasie reste interdite malgré des revendications croissantes pour un changement législatif. L’affaire de Bernard Pallot soulève des questions sur la responsabilité pénale dans des cas d’« euthanasie par compassion » et illustre le dilemme auquel sont confrontées les familles face à la souffrance de leurs proches.
Bernard Pallot, à l’issue du procès, a exprimé sa peine face aux limites de la loi actuelle :
Je ne suis pas un assassin. Il est temps que la loi évolue.