Bruno, 52 ans, cheminot à la SNCF s’est suicidé le soir du réveillon de noël

Le soir du 24 décembre 2024, alors que beaucoup se préparaient à célébrer Noël, un drame s’est produit sur la ligne à grande vitesse Sud-Est. Bruno Rejony, conducteur expérimenté à la SNCF, s’est donné la mort en sautant de la cabine de son TGV, un acte qui a profondément bouleversé ses collègues et perturbé le trafic ferroviaire.
bruno rejony

Né en 1972, Bruno Rejony était un cheminot apprécié de ses collègues et connu pour son engagement. Embauché en 1997 par la SNCF, il avait consacré 27 années de sa vie à conduire des trains et à défendre les intérêts des cheminots. Représentant syndical au sein de la CGT Cheminots, il s’était illustré lors de nombreuses luttes sociales, notamment contre la réforme des retraites.

En janvier 2024, il partageait sur ses réseaux sociaux une photo de lui avec un train, célébrant son parcours :

« Que le temps passe vite, trop vite. Malgré tout, vivement l’année prochaine. Ce sera d’autres photos pour mon dernier train cette fois. »

Bruno devait bientôt prendre sa retraite, mais sa vie a pris une tournure dramatique avant qu’il ne puisse en profiter.

Le 24 décembre, Bruno était aux commandes d’un TGV Inoui reliant Paris à Saint-Étienne lorsqu’il a sauté de sa cabine alors que le train roulait à pleine vitesse. Cette décision soudaine a activé les dispositifs automatiques de sécurité, stoppant le convoi en Seine-et-Marne. Les secours, rapidement mobilisés, n’ont pu que constater son décès.

Ce drame a causé des retards importants sur la ligne Sud-Est, affectant une dizaine de TGV et près de 3 000 passagers. Certains trains ont accumulé entre trois et cinq heures de retard. Malgré la perturbation, la SNCF a rapidement confirmé que la sécurité des voyageurs avait été garantie grâce aux systèmes automatisés.

Derrière son engagement professionnel et syndical, Bruno portait un fardeau personnel qui a contribué à son geste désespéré. Père d’un enfant autiste, il avait récemment évoqué ses difficultés à faire face à la maladie de son fils et au manque de soutien :

« Père d’un autiste avec X, nous sommes largués, impuissants. Une hospitalisation récente qui aurait pu permettre un peu de repos, finalement, c’est encore et encore l’impasse. »

À ces épreuves familiales s’ajoutait une récente rupture amoureuse, qui semble avoir amplifié sa détresse. Ses proches décrivent un homme généreux et combatif, mais intérieurement tourmenté.

Le suicide de Bruno a relancé les débats sur le suivi psychologique des cheminots, une profession exigeante et stressante. À leur embauche, les conducteurs de train passent des tests psychotechniques rigoureux. Cependant, ces évaluations ne sont répétées que tous les dix ans, lors du renouvellement de leur licence, laissant peu de place à une détection précoce des troubles psychologiques.

Bernard Aubin, secrétaire général de la Fédération indépendante du rail, dénonce un système insuffisant :

« Ce n’est pas un bilan psychologique, mais une mesure d’aptitude. Entre deux examens, il n’y a pas de suivi, sauf si un supérieur hiérarchique tire la sonnette d’alarme. »

Cette absence de suivi régulier pourrait avoir contribué au sentiment d’isolement ressenti par Bruno, malgré sa position au sein de la SNCF et de la CGT.

Suite à ce drame, de nombreuses personnalités et organisations ont rendu hommage à Bruno. Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire, a salué son engagement :

« Bruno avait chevillé au corps la défense du service public ferroviaire. Il était bienveillant et toujours prêt à expliquer les luttes qu’il portait. »

La CGT de Saint-Étienne, ville d’origine de Bruno, prévoit d’organiser une cérémonie pour honorer sa mémoire. Cet hommage sera l’occasion de rappeler son dévouement pour les cheminots et le service public.

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