Un message anodin, une soirée qui bascule
Le 26 juillet 2003, Marie Trintignant reçoit un texto de Samuel Benchetrit, son ancien compagnon et père de leur fils Jules. Le message, qui mentionne avec tendresse le tournage de leur film Janis et John, contient ces mots : « Je t’embrasse ma petite Janis ». Une phrase simple, mais qui suffit à déclencher une colère noire chez Bertrand Cantat. Le chanteur, alors compagnon de l’actrice, ne supporte pas ce qu’il interprète comme un signe de complicité entre les deux anciens amants.
Ce soir-là, à Vilnius, en Lituanie, Marie tourne le téléfilm Colette, une femme libre réalisé par sa mère. Mais à l’hôtel, l’ambiance est tout sauf calme. La dispute éclate, violente, brutale. Et finit par tourner au drame. Marie est frappée avec une extrême violence, puis laissée inconsciente pendant plusieurs heures. Elle tombe dans le coma, avant de décéder quelques jours plus tard, le 1er août 2003.
Un documentaire glaçant sur Netflix
Le 27 mars 2025, Netflix dévoile la série documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat. En trois épisodes, elle revient sur l’affaire qui a marqué toute une génération. Le documentaire revient sur les faits, analyse les éléments du dossier et interroge les proches, les journalistes et les témoins clés.
Le texto de Samuel Benchetrit y occupe une place centrale, comme point de départ d’une violence déjà latente. Il ne s’agit pas d’une preuve de culpabilité, mais d’un élément qui montre à quel point la jalousie de Bertrand Cantat était destructrice.
Avant le drame, le couple formé par Cantat et Trintignant était déjà miné par une tension constante. Plusieurs proches évoquent un climat de contrôle et de possessivité. Le chanteur de Noir Désir était obsédé par Marie, supportait mal qu’elle s’éloigne, qu’elle tourne, qu’elle s’épanouisse sans lui. Cette obsession le pousse, ce soir-là, à commettre l’irréparable.
Lors de sa première audition en Lituanie, Bertrand Cantat minimise les faits. Il parle de « quelques gifles », de « dispute ». Mais les constatations médicales sont sans appel : le corps de Marie Trintignant présente une vingtaine de coups, un écrasement du larynx, une fracture du nez. Rien à voir avec des bousculades accidentelles.
Plus tard, Cantat reconnaît avoir agi sous l’effet de la colère, en raison du fameux message. Il pleure, mime les gestes, parle de « grandes baffes », comme si cela pouvait adoucir la vérité. Mais pour les proches de Marie, il s’agit d’un féminicide, clair et tragique.
L’affaire Cantat-Trintignant a cristallisé les débats en France autour des violences conjugales. À l’époque, le terme « crime passionnel » est encore très utilisé dans les médias, une façon d’atténuer les faits. Mais les choses changent. La société commence à mettre les mots justes sur ces actes : des meurtres, souvent prévisibles, parfois évitables.
Le documentaire de Netflix participe à cette prise de conscience. Il rappelle à quel point un simple texto, dans un contexte de jalousie maladive, peut déclencher l’horreur. Mais le véritable problème, c’est l’emprise, le contrôle, la violence silencieuse qui précède le coup de trop.
Aujourd’hui, ce texto est devenu un symbole. Non pas la cause du drame, mais le déclencheur d’un acte qui aurait pu être évité si les signaux d’alerte avaient été pris au sérieux. À travers ce récit, c’est la parole des victimes qui trouve enfin un écho.
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