Qu’est-il arrivé à Krisztina Rady ?

Krisztina Rády, traductrice, femme de lettres et amoureuse de théâtre, est longtemps restée une figure discrète dans l’univers médiatique. Pourtant, son nom est aujourd’hui indissociable d’une affaire qui continue de faire parler : celle de Bertrand Cantat, l’ancien leader du groupe Noir Désir. En janvier 2010, Krisztina est retrouvée pendue à son domicile de Bordeaux. Son fils, âgé de seulement 12 ans, découvre le corps. Depuis, une question revient : que s’est-il vraiment passé ?
krisztina rady

Une femme brillante, une vie marquée par l’ombre

Krisztina Rády, traductrice, femme de lettres et amoureuse de théâtre, est longtemps restée une figure discrète dans l’univers médiatique. Pourtant, son nom est aujourd’hui indissociable d’une affaire qui continue de faire parler : celle de Bertrand Cantat, l’ancien leader du groupe Noir Désir. En janvier 2010, Krisztina est retrouvée pendue à son domicile de Bordeaux. Son fils, âgé de seulement 12 ans, découvre le corps. Depuis, une question revient : que s’est-il vraiment passé ?

Un suicide aux zones d’ombre

Officiellement, sa mort a été classée comme un suicide par pendaison. Une lettre d’adieu a été retrouvée, dans laquelle elle explique son geste. À l’époque, l’enquête est rapidement bouclée. Aucune intervention extérieure n’est relevée, aucun élément ne laisse penser à un acte criminel.

Mais plusieurs années plus tard, des témoignages et documents refont surface, notamment dans la mini-série documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat, diffusée sur Netflix. Cette enquête journalistique évoque un climat de violences psychologiques qui aurait duré plusieurs années et qui pourrait avoir poussé Krisztina à bout.

Une relation complexe avec Bertrand Cantat

Krisztina Rády a rencontré Bertrand Cantat en 1993. Le couple se marie, a deux enfants, mais se sépare peu après la naissance de leur fille en 2002. C’est à cette période que Cantat entame une relation avec Marie Trintignant, qui se terminera tragiquement à Vilnius en 2003. L’actrice meurt sous les coups du chanteur. Cantat est condamné à huit ans de prison. Il n’en purge que la moitié.

À sa sortie en 2007, il revient vivre avec Krisztina et leurs enfants. Officiellement, leur relation est libre, mais selon plusieurs proches, il ne supportait pas l’idée qu’elle refasse sa vie. Et lorsqu’elle entame une relation avec François Saubadu, les tensions s’intensifient.

Des signes de détresse ignorés

Dans un message vocal laissé à ses parents en 2009, Krisztina décrit Bertrand Cantat comme « fou ». Elle y parle de blessures, d’un coude fracturé, de peur constante. Elle évoque même son envie de fuir.

Une employée anonyme d’un hôpital bordelais confirme dans le documentaire qu’un passage aux urgences aurait permis de constater des blessures physiques : un décollement du cuir chevelu, des hématomes. Des signes évidents de violences. Pourtant, Krisztina n’a pas porté plainte. Elle aurait voulu protéger ses enfants.

Une enquête relancée… puis refermée

En 2014, l’avocate féministe Yael Mellul porte plainte pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, évoquant un possible suicide forcé. Elle s’appuie sur des témoignages, des messages vocaux, des lettres… Mais l’affaire est classée sans suite. La justice estime qu’il n’y a pas assez d’éléments pour établir un lien direct entre les violences subies et la mort de Krisztina.

L’initiative n’est pas soutenue par les parents de Krisztina, mais François Saubadu, son dernier compagnon, la soutient pleinement. Il affirme que Bertrand Cantat lui faisait vivre une véritable terreur psychologique. Il remet à la justice plusieurs documents, dont le message vocal d’adieu, pour tenter de faire reconnaître sa souffrance.

Un ancien membre de Noir Désir brise le silence

En 2017, un témoignage publié dans Le Point révèle qu’un ancien membre de Noir Désir aurait affirmé que le groupe avait volontairement menti lors du procès Cantat. Selon ses propos, Krisztina aurait demandé à ses proches de ne pas dire la vérité, pour protéger ses enfants. Des accusations niées par deux autres membres du groupe, mais qui relancent les soupçons.

Milo, au cœur du drame

Le moment le plus glaçant de cette histoire reste celui vécu par Milo, le fils de Krisztina et Bertrand. En rentrant chez lui, il découvre sa mère pendue. Il appelle les secours, pensant à une blague de mauvais goût. Il n’a que 12 ans. C’est lui qui, sans le savoir, scelle le début d’une bataille judiciaire qui n’a toujours pas trouvé de véritable réponse.

Une mémoire qui dérange

Plus de dix ans après sa mort, le nom de Krisztina Rády continue de soulever des questions. Était-elle victime de violences ? Son suicide aurait-il pu être évité ? Bertrand Cantat a-t-il une responsabilité morale, sinon légale ? Les réponses restent floues, entre justice qui clôt les dossiers et témoignages qui les rouvrent.

La série Netflix relance le débat. Les spectateurs découvrent une femme brillante, mais épuisée, qui a peut-être fini par baisser les bras face à une emprise trop forte. Une histoire bouleversante qui, à défaut de réponses claires, nous pousse à regarder de plus près les silences qu’on laisse traîner trop longtemps.

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