Cures thermales : vers la fin du remboursement à 100 % ?

Le remboursement des cures thermales est dans le viseur du gouvernement. Alors que l’Assurance maladie cherche à faire des économies, ces séjours médicaux pourraient perdre leur prise en charge intégrale. Une décision qui inquiète à la fois les curistes, les professionnels de santé et les territoires concernés.
Fin remboursement cure thermale

Un budget santé sous tension

Depuis plusieurs mois, les pouvoirs publics multiplient les pistes pour freiner l’explosion des dépenses de santé. Le Premier ministre a récemment annoncé un objectif de 5 milliards d’euros d’économies pour 2026 dans le secteur médical. La ministre Catherine Vautrin a confirmé que certaines prestations allaient être réévaluées voire réduites, et parmi elles : les cures thermales.

Une prise en charge remise en cause

Actuellement, une grande majorité des cures sont remboursées à 100 % lorsqu’elles sont prescrites dans le cadre d’une affection longue durée (ALD). Mais pour le gouvernement, cette générosité a un prix : près de 350 millions d’euros ont été engagés par la Sécurité sociale en 2023 pour couvrir ces traitements.

Catherine Vautrin a indiqué vouloir cibler les prestations dont le service médical rendu est jugé insuffisant. Une formulation qui concerne directement les stations thermales. Selon le ministère, il s’agirait d’adapter les remboursements aux résultats prouvés, ce qui place les cures dans une position délicate.

Des soins efficaces… mais contestés

La médecine thermale repose sur l’utilisation d’eaux minérales naturelles pour soigner des pathologies comme les rhumatismes, les troubles digestifs ou encore les maladies respiratoires. Si certains médecins affirment que ces traitements soulagent durablement les patients, d’autres estiment qu’ils manquent de données scientifiques solides.

« C’est une médecine écologique, basée sur des preuves, et qui génère des économies en réduisant la consommation de médicaments et les arrêts de travail », explique le Dr Nicolas Maimponte, médecin thermal à Contrexéville.

Un impact économique local important

La possible suppression du remboursement intégral inquiète aussi du côté des stations thermales. À Contrexéville, dans les Vosges, la direction tire la sonnette d’alarme. Une majorité des curistes accueillis chaque année n’aurait pas les moyens de financer une cure sans soutien de la Sécurité sociale. Or, une cure peut coûter jusqu’à 2 000 euros avec l’hébergement et le transport inclus.

« Plus de 80 % de nos patients ne pourraient plus venir sans remboursement. On observe des effets positifs jusqu’à six mois après la cure », souligne François Chalumeau, directeur de la station thermale de Contrexéville.

Un poids dans l’économie locale

Les stations thermales jouent un rôle essentiel dans certaines régions. Le secteur emploie près de 25 000 personnes en France et représente une économie estimée à 4,5 milliards d’euros. Dans des villes comme Vittel, Bains-lès-Bains ou Plombières-lès-Bains, l’activité thermale est vitale pour le tissu local.

Au-delà de la santé, c’est donc un écosystème entier qui pourrait être mis en difficulté. Moins de cures, ce serait aussi moins d’emplois saisonniers, moins de fréquentation touristique et un coup dur pour les commerces des alentours.

Un débat entre efficacité médicale et rationalisation

Si le gouvernement met en avant la nécessité de réduire le déficit de la Sécurité sociale, les défenseurs du thermalisme répliquent que cette médecine permettrait justement de limiter les coûts indirects : moins de prescriptions de médicaments, moins de consultations, et des patients globalement en meilleure santé.

« J’ai arrêté de prendre des anti-inflammatoires pendant presque un an après ma cure. C’est la troisième fois que je viens et je sens vraiment la différence », raconte une curiste traitée pour des douleurs articulaires.

Une décision qui fait débat

Le sujet divise, y compris parmi les professionnels. Faut-il conditionner le remboursement des cures à une évaluation scientifique plus stricte ? Ou considérer leur effet global sur le bien-être des patients ?

Ce qui est sûr, c’est que le thermalisme, souvent perçu comme une médecine douce ou alternative, est aujourd’hui pris dans une logique de rentabilité budgétaire. Reste à savoir si les arbitrages politiques prendront en compte l’ensemble des enjeux liés à ces soins encore très populaires chez de nombreux Français.

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