Défécation à l’air libre : 420 millions de personnes en 2022

Oui, les chiffres bougent dans le bon sens, mais le défi reste énorme. En 2022, environ 420 millions de personnes (soit 5,25 % de la population mondiale) pratiquaient encore la défécation à l’air libre. C’est bien moins qu’au début des années 2000, mais le phénomène reste concentré dans quelques pays et touche surtout les zones rurales.
Estimation 2022 (JMP/UNICEF–OMS) : près de 420 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre, contre environ 1,31 milliard en 2000.

Chiffres clés à connaître

  • −890 millions de personnes depuis 2000, soit une baisse de 16,17 points en pourcentage de la population mondiale.
  • 65,6 % des pratiques se concentrent dans 7 pays seulement.
  • 9 personnes sur 10 concernées vivent en zone rurale.
  • Objectif ODD 6 : réduire à zéro la défécation à l’air libre via l’accès universel à des sanitations sûres et un changement de comportements durable.

Où le phénomène se concentre vraiment

Les volumes les plus élevés se trouvent en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. En 2022, l’Inde affichait encore le plus grand nombre en valeur absolue malgré des progrès énormes, suivie par le Nigeria, l’Éthiopie, le Niger, le Pakistan et l’Indonésie. Côté taux, certains pays dépassent encore les 50 %, signe que l’accès aux toilettes, l’entretien et la sécurité restent des obstacles au quotidien.

Exemple marquant : la trajectoire de l’Inde

L’Inde est passée d’environ 73 % de la population pratiquant la défécation à l’air libre en 2000 à près de 11 % en 2022. L’effort massif de construction de toilettes domestiques, la mobilisation publique et le suivi des usages ont fait bouger les lignes. Reste la clé la plus dure : l’usage régulier des installations (qualité, eau, entretien, sécurité la nuit) afin d’éviter les retours en arrière.

Pourquoi ça persiste ? trois raisons fréquentes

1) accès et qualité des infrastructures

Pas de toilettes proches, latrines dégradées, absence d’éclairage ou d’eau, toilettes partagées peu sûres… Tout cela décourage l’usage quotidien, surtout pour les femmes, les enfants et les personnes en situation de handicap.

2) sécurité et dignité

L’accès nocturne à des toilettes éloignées peut être perçu comme dangereux. Le manque d’intimité et la peur des agressions poussent encore certaines personnes à éviter les sanitaires partagés.

3) habitudes et normes sociales

Dans certaines communautés rurales, l’habitude de « sortir » persiste, parfois même lorsque des toilettes existent. Les programmes efficaces combinent équipements + comportements (sensibilisation, usages, entretien, gestion des odeurs, eau à proximité).

Impact sanitaire et social

La contamination fécale de l’environnement nourrit un cercle de maladies hydriques (diarrhées, choléra, typhoïde, hépatites, parasitoses). Les enfants sont les plus exposés, avec des risques accrus de retards de croissance et de mortalité. L’accès à des toilettes sûres et propres améliore la santé, la scolarisation des filles et la dignité.

Ce qui marche pour accélérer la baisse

  • Sanitation marketing et modèles de toilettes abordables, faciles à entretenir.
  • Programmes communautaires (type CLTS+) qui déclenchent une dynamique locale et suivent l’usage réel.
  • Services publics solides : vidange, maintenance, eau, éclairage, sécurité.
  • Incitations et suivi (collecte de données, tableaux de bord) pour passer d’ODF « déclaré » à ODF durable.

Tableaux de stats utiles

Top 10 par taux de défécation à l’air libre (dernière année disponible)

Pays Année Taux (%)
Érythrée 2016 67
Niger 2022 64,9
Tchad 2022 62,6
Soudan du Sud 2022 59,7
Bénin 2022 49
Îles Salomon 2021 45
Sao Tomé-et-Principe 2022 42
Togo 2022 39
Namibie 2022 37
Libéria 2022 35

Top 10 par nombre de personnes (2022)

Pays Part de la population Personnes concernées (millions)
Inde 11 % 157
Nigeria 18,4 % 40,3
Éthiopie ≈18 % 21,7
Niger 64,9 % 17,0
Pakistan ≈7 % 15,9
R.D. Congo 12 % 11,7
Indonésie 4,1 % 11,5
Tchad 62,6 % 11,0
Madagascar 34 % 9,9
Soudan du Sud 59,7 % 6,5

Foire aux questions express

La défécation à l’air libre, c’est quoi exactement ?

Le fait d’aller à la selle en extérieur (champs, fossés, bords de route, berges) plutôt que dans des toilettes. La pratique est liée à l’absence d’infrastructures, à des sanitaires jugés inutilisables ou à des habitudes sociales anciennes.

Parce que cela contamine l’environnement et l’eau. Résultat : diarrhées, épidémies, parasitoses… Les enfants paient le prix fort, avec des effets sur la croissance et la réussite scolaire.

Il faut des toilettes sûres (propreté, eau, éclairage, intimité), des services pour l’entretien/vidange et un travail comportemental sur l’usage. Les programmes les plus efficaces combinent les trois.

Points d’action pour passer à l’échelle

Investir dans la qualité

Des toilettes qui ne sentent pas, avec eau, porte, lumière et entretien, sont plus utilisées. C’est basique, mais décisif.

Sécuriser l’accès la nuit

Éclairage public, proximité, verrous, présence humaine : des détails qui augmentent fortement l’usage réel, notamment pour les femmes.

Suivre les usages, pas seulement les constructions

Sans data sur l’utilisation, on surévalue l’impact. Mesurer, adapter, répliquer ce qui marche permet de réduire durablement la défécation à l’air libre.

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