Démission de Sébastien Lecornu, la France en crise politique

Lundi 6 octobre 2025 restera une journée politique hors norme. À peine quelques heures après la présentation de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron. Ce départ précipité plonge le pays dans une nouvelle zone de turbulence, alors que l’Assemblée nationale est déjà bloquée depuis des mois. Entre appels à la dissolution, divisions à droite et à gauche, et inquiétudes économiques, la crise politique française atteint un point critique.
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Une démission express qui sidère le pays

La nouvelle est tombée dans la matinée, par un communiqué laconique de l’Élysée : “Monsieur Sébastien Lecornu a remis la démission de son gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée.” En poste depuis moins d’un mois, l’ancien ministre des Armées n’aura pas résisté aux tensions internes et aux critiques venues de toutes parts.

Sa chute éclair est liée à la composition très controversée de son gouvernement, dévoilée la veille au soir. Le retour de Bruno Le Maire aux Armées a provoqué une levée de boucliers au sein des Républicains, poussant leur patron Bruno Retailleau à dénoncer une “trahison politique”. Quelques heures plus tard, le Premier ministre jetait l’éponge.

« On ne peut pas être Premier ministre quand les conditions ne sont pas réunies pour gouverner », a déclaré Sébastien Lecornu devant Matignon, regrettant les “appétits partisans” et l’absence “d’humilité collective”.

Emmanuel Macron dans la tempête

Cette démission est la septième sous la présidence d’Emmanuel Macron, qui se retrouve désormais sans majorité stable ni chef de gouvernement. L’Élysée a annoncé confier à Lecornu une mission de “négociations de la dernière chance” pour tenter de bâtir une plateforme de stabilité d’ici mercredi soir. Mais selon plusieurs sources, le Premier ministre démissionnaire aurait déjà refusé d’être reconduit.

Le président, isolé et affaibli, doit choisir entre plusieurs options : nommer un nouveau Premier ministre (potentiellement issu d’un autre camp), dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale, ou – hypothèse extrême – démissionner. Aucune ne semble garantir un retour à la stabilité.

Dans son entourage, on assure qu’Emmanuel Macron est “prêt à prendre ses responsabilités”. Une phrase qui fait planer la menace d’une nouvelle dissolution et d’un retour aux urnes. Mais beaucoup y voient aussi un signe d’impasse institutionnelle.

Une opposition en ordre de bataille

À gauche comme à droite, les réactions ne se sont pas fait attendre. Jean-Luc Mélenchon a appelé à “examiner immédiatement” la motion de destitution d’Emmanuel Macron déposée par 104 députés. Du côté écologiste, Marine Tondelier a dénoncé “les derniers soubresauts d’un monde politique à bout de souffle”.

Les socialistes, plus mesurés, appellent à une solution de compromis : “Nous demandons un Premier ministre issu de la gauche, ouvert au dialogue et sans recours au 49.3”, a déclaré Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti socialiste. Le Parti communiste partage cette position.

À droite, le ton est bien plus offensif. Marine Le Pen juge “sage” une éventuelle démission du président, mais réclame surtout une dissolution “absolument incontournable”. Le patron du Rassemblement national Jordan Bardella martèle que “la stabilité ne reviendra qu’avec le retour aux urnes”. Quant à Éric Ciotti, allié du RN, il promet une “censure systématique de tout gouvernement” tant que Macron restera à l’Élysée.

Une France paralysée politiquement et économiquement

Au-delà du jeu partisan, les conséquences économiques se sont fait sentir immédiatement. Le CAC 40 a chuté de plus de 2 % dans la matinée, tandis que le coût de la dette française a grimpé à 3,61 %, son plus haut niveau depuis mars. Les marchés craignent une instabilité prolongée et une incapacité à adopter le budget 2026.

Le patronat, lui, appelle à l’apaisement. Le Medef a reporté son grand meeting prévu le 13 octobre “par sens de responsabilité”. La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a résumé l’impasse : “Nul ne pourra gouverner sans la gauche.”

À l’international, la démission de Lecornu alarme les partenaires européens. Berlin insiste sur l’importance d’une “France stable pour l’Europe”, tandis que la presse étrangère parle de “crise de régime”. Le quotidien portugais Público évoque même “une refondation constitutionnelle nécessaire”.

Une opinion publique lassée et désabusée

Les sondages confirment le ras-le-bol des Français. Selon une enquête Elabe pour BFMTV, 75 % des citoyens approuvent la démission de Sébastien Lecornu, mais plus de la moitié tiennent Emmanuel Macron pour responsable de la crise actuelle. Pour 51 % d’entre eux, la seule issue serait une destitution du président. Ces chiffres traduisent une fracture démocratique profonde entre le pouvoir et la population.

Dans les rues, la résignation domine. De nombreux jeunes interrogés sur les réseaux sociaux disent ne plus croire au système politique actuel. Certains parlent de “Ve République épuisée”, d’autres réclament une “nouvelle Constitution plus démocratique”.

Et maintenant ?

À l’heure où la France semble à bout de souffle, le pays attend des réponses. Emmanuel Macron dispose de 48 heures pour annoncer la suite. Dissolution, cohabitation ou démission : toutes les options sont sur la table. Une chose est sûre : la démission de Sébastien Lecornu ne marque pas la fin d’une crise, mais le début d’un tournant historique pour la Ve République.

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