Des squatteurs déguisés en touristes : la face cachée des locations Airbnb

Airbnb est devenu un réflexe pour des millions de voyageurs. Mais derrière l’image lisse de la location de vacances se cache une réalité beaucoup plus trouble : des individus réservent des logements pour quelques jours, s’y installent, changent les serrures… et refusent de partir. Pour les propriétaires, c’est un cauchemar juridique qui commence, entre impuissance et procédures interminables. Zoom sur cette pratique en plein essor et encore peu connue du grand public.
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Une méthode bien rodée pour contourner la loi

Le schéma est souvent le même : un « touriste » réserve un logement via une plateforme de type Airbnb, paie une ou deux nuits, puis s’installe comme s’il devenait locataire à long terme. Une fois à l’intérieur, il change les serrures, installe ses affaires, met le compteur électrique à son nom, et annonce qu’il ne quittera pas les lieux.

La difficulté, c’est que ces individus n’ont pas pénétré dans les lieux de manière illégale. Contrairement aux squatteurs classiques, ils sont entrés avec l’accord du propriétaire via une réservation en ligne. Cette nuance bloque toute expulsion immédiate et déclenche des procédures longues et coûteuses.

« Ils se maintiennent illégalement, mais comme ils sont entrés légalement, ils ne sont pas considérés comme des squatteurs au sens juridique » — Me Xavier Demeuzoy, avocat en droit immobilier

Des propriétaires sans recours rapide

Sans possibilité d’expulsion rapide, les propriétaires doivent entamer une procédure similaire à celle des impayés de loyers : saisine du tribunal, audience, jugement, puis expulsion avec huissier. Une aventure judiciaire qui peut durer de six mois à plusieurs années, et coûter plusieurs milliers d’euros.

Face à l’énervement, certains propriétaires pourraient être tentés de reprendre la main par la force. Une très mauvaise idée :

« Forcer l’entrée, changer la serrure ou menacer les occupants, c’est prendre le risque d’être poursuivi pour violation de domicile. Peine encourue : 3 ans de prison et 30.000 euros d’amende » — Me Demeuzoy

Des cas en augmentation malgré leur rareté

Ces situations restent rares — moins d’une sur 100.000 selon les estimations — mais elles se multiplient ces dernières années, particulièrement dans les zones touristiques et tendues comme Paris, Marseille, ou Perpignan. Le phénomène touche principalement les propriétaires qui gèrent eux-mêmes leurs locations, sans intermédiaire ou conciergerie.

Un exemple à Perpignan

Une propriétaire a vu son logement occupé par une femme refusant de partir. Dans un message, elle expliquait :

« J’ai un bébé d’un mois et demi, je suis à la rue depuis sa naissance. Pour son bien, je reste dans l’appartement. J’ai changé les serrures. »

Alertée, la police est parvenue à faire partir la locataire — un cas exceptionnel. Dans la majorité des situations, les forces de l’ordre n’interviennent pas sans décision de justice.

Des solutions encore floues

Pour limiter les abus, certains experts proposent d’établir un contrat de location signé entre le propriétaire et le voyageur, même dans le cadre d’une réservation via plateforme. Ce document pourrait permettre d’accélérer les procédures en cas de litige, en s’appuyant sur le droit commun des baux meublés de courte durée.

Avant de valider une réservation, il est recommandé de :

  • Consulter les avis laissés par d’autres hôtes sur le profil du voyageur
  • Poser des questions sur le motif du séjour
  • Privilégier les profils avec plusieurs séjours vérifiés

Face à un phénomène encore peu encadré juridiquement, la vigilance reste la première défense pour les propriétaires. Louer son logement peut rapporter gros, mais nécessite de connaître les risques spécifiques à la location touristique.

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