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Didier Raoult interdit d’exercer la médecine pendant 2 ans

Didier Raoult, figure controversée de la médecine en France, vient de se voir infliger une sanction lourde : une interdiction d’exercer la médecine pendant deux ans, à compter du 1er février prochain. Cette décision a été rendue par la chambre disciplinaire nationale en appel, après que la première instance n’avait prononcé qu’un simple blâme en décembre 2021. Pour beaucoup, la première sanction était jugée “trop indulgente” au vu des manquements reprochés à l’ancien directeur de l’IHU de Marseille.

Les raisons de cette interdiction

La principale raison de cette sanction réside dans la promotion de l’hydroxychloroquine par Didier Raoult comme traitement contre le Covid-19, malgré l’absence de preuves scientifiques solides pour justifier son efficacité. La communauté scientifique avait largement déconseillé l’utilisation de cette molécule pour traiter la maladie, soulignant des risques potentiels et l’absence de données confirmées. Raoult, pour sa part, a maintenu sa position, affirmant que ce traitement était efficace, ce qui lui a valu de nombreuses critiques et accusations.

Selon la chambre disciplinaire, le professeur “n’a pas fondé ses prises de position sur des données confirmées”, et n’a pas “fait preuve de prudence” en promouvant un traitement insuffisamment éprouvé. Ces affirmations publiques, largement diffusées pendant la crise sanitaire, ont suscité une grande controverse, divisant l’opinion publique et les milieux médicaux.

Des essais cliniques qualifiés de “sauvages”

En plus de la promotion de l’hydroxychloroquine, Didier Raoult est également accusé d’avoir mené des essais cliniques non autorisés, qualifiés de “sauvages” par ses détracteurs. Ces essais auraient impliqué environ 30 000 patients sans l’aval des autorités sanitaires compétentes, une infraction majeure au code de santé publique. En effet, l’article R4127-15 du Code stipule qu’un médecin ne peut participer à des recherches biomédicales sur des personnes que dans le cadre légal et avec les autorisations appropriées.

Cependant, bien que Raoult ait enfreint ces règles, la chambre disciplinaire a estimé qu’il n’a pas fait courir de risque injustifié aux patients. Le professeur aurait en effet pris soin de ne pas inclure dans ses essais des personnes présentant des facteurs de risque élevés. Cela n’a cependant pas suffi à atténuer la gravité des autres infractions retenues contre lui.

Outre ces manquements scientifiques, Didier Raoult est également sanctionné pour des propos jugés non confraternels. En pleine crise sanitaire, il avait notamment accusé certains confrères d’avoir mené des essais cliniques où des enfants seraient morts, dépassant ainsi les limites de la liberté d’expression dans un cadre professionnel. Ces accusations, considérées comme dépassant le cadre éthique, ont contribué à alourdir la sanction.

Une interdiction symbolique ?

Didier Raoult n’occupe plus de fonction hospitalière ou universitaire depuis septembre 2022, lorsqu’il a quitté la direction de l’IHU de Marseille. Cette interdiction d’exercer, bien que lourde, apparaît donc surtout symbolique. Cependant, elle marque un point important dans la carrière du professeur marseillais, qui reste une figure emblématique, tant pour ses partisans que pour ses détracteurs. Raoult est également visé par une enquête judiciaire liée à des essais cliniques non autorisés, ce qui pourrait encore aggraver sa situation juridique.

Didier Raoult, par l’intermédiaire de son avocat, Me Fabrice Di Vizio, n’a pas encore annoncé s’il comptait se pourvoir en cassation. Cette procédure permettrait de contester la décision de la chambre disciplinaire nationale. Cependant, pour le moment, aucune décision officielle n’a été prise. Il est clair que cette sanction soulève à nouveau des débats au sein du milieu médical et au-delà.

Personnage adulé par certains et honni par d’autres, Didier Raoult restera probablement l’une des figures marquantes de la pandémie en France. Son insistance sur l’hydroxychloroquine a fait de lui un héros pour les partisans d’une approche alternative à la gestion de la crise sanitaire, mais un paria pour les instances médicales et une grande partie de la communauté scientifique.

Sa décision de promouvoir un traitement non validé par les données scientifiques a contribué à alimenter la méfiance envers les mesures sanitaires et les vaccins. Pour ses détracteurs, cette interdiction d’exercer pendant deux ans est un signal fort adressé à ceux qui enfreignent les normes éthiques et scientifiques. Pour ses partisans, cette décision ne fera que renforcer l’image d’un homme qui a osé défier l’establishment médical.