Lors de son passage à Kawéni, une agglomération durement touchée par le cyclone, deux enseignants ont saisi l’occasion pour partager leur désarroi. Ils ont dénoncé le manque de vivres et l’absence de soutien concret pour les habitants des zones les plus précaires.
L’un d’eux a déclaré :
« Depuis quinze jours, dans tous les bidonvilles ici, personne n’est venu. Vous pouvez dire ce que vous voulez aux informations, la réalité, elle est là. »
Ces propos, chargés d’émotion, visaient à mettre en lumière l’écart entre les déclarations officielles et la situation sur le terrain.
En réponse, Elisabeth Borne a affirmé que des distributions de nourriture avaient été organisées, ce que les enseignants ont immédiatement contesté. L’un d’eux a précisé que se rendre aux points relais demandait un trajet de 10 kilomètres à pied, en plein soleil, sans eau ni nourriture.
Plutôt que de prolonger l’échange, la ministre a choisi de tourner les talons après un simple « ok », laissant les enseignants terminer leur plaidoyer seuls. Ce geste a été perçu comme un signe de mépris par de nombreux observateurs.
Capturée par les caméras de BFMTV, la scène a rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Sur le réseau X, plusieurs personnalités politiques ont exprimé leur indignation :
- Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a écrit :
« Une ministre ne peut pas tourner les talons en méprisant le témoignage d’enseignants qui alertent sur la situation sanitaire. »
- Benjamin Lucas, député écologiste, a ironisé :
« Quelqu’un pour expliquer à Elisabeth Borne que le 49.3 ne fonctionne pas face à des enseignants en détresse ? »
- Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste, a critiqué :
« L’empathie d’un poisson mort. »
Même des membres de la majorité présidentielle ont qualifié cette séquence de « désastreuse », tandis que le Snes-FSU, principal syndicat enseignant, a déploré :
« Le témoignage de ce collègue est édifiant. Elisabeth Borne ne peut pas tourner le dos à cette réalité ! »
Le cyclone Chido a laissé derrière lui des conditions de vie extrêmement précaires pour de nombreux habitants de Mayotte. Dans certains bidonvilles, les enseignants et bénévoles se mobilisent pour distribuer vivres et eau, souvent sur leurs propres fonds. Cette réalité contraste fortement avec les annonces gouvernementales d’aide humanitaire.
Un journaliste présent sur place a confirmé :
« Les deux enseignants qui ont interpellé la ministre n’ont vu personne de l’État en 15 jours, alors qu’ils distribuent eux-mêmes de la nourriture dans un centre d’hébergement d’urgence. »
Face à l’ampleur des critiques, Elisabeth Borne a réagi dès le lendemain en dénonçant une « séquence tronquée ». Selon elle, les images diffusées ne reflètent pas l’ensemble de ses échanges à Mayotte, notamment ceux qu’elle aurait eus avec les personnels de direction et les syndicats enseignants.
Elle a affirmé avoir :
« Longuement discuté des défis de la rentrée et des besoins locaux. »
Cependant, ces explications n’ont pas suffi à apaiser les tensions. Pour de nombreux observateurs, la gestion de cette situation illustre un décalage profond entre les représentants de l’État et les réalités vécues sur le terrain.
Cette séquence s’inscrit dans un contexte où le gouvernement cherche à améliorer son image après plusieurs crises. Pour certains analystes, cet épisode pourrait renforcer l’idée d’un gouvernement déconnecté, incapable de répondre aux attentes des citoyens, notamment dans des territoires comme Mayotte, où les inégalités sont particulièrement criantes.