Cette proposition, régulièrement évoquée par différents responsables politiques, se heurte à l’absence de consensus. Les enjeux éducatifs, sociaux et économiques rendent ce sujet particulièrement clivant.
Pourquoi raccourcir les vacances d’été ?
Les arguments avancés par Élisabeth Borne s’inscrivent dans une logique pédagogique. Les coupures estivales prolongées accentuent les inégalités, notamment chez les élèves en difficulté, qui perdent leurs acquis. Ce constat s’appuie sur des études menées par l’OCDE et des retours d’expérience de pays européens.
Déjà, des initiatives comme les « stages de réussite » permettent à certains élèves de bénéficier de cours supplémentaires pendant l’été. Mais ces dispositifs restent limités en nombre et en efficacité.
La réduction des grandes vacances n’est pas une idée nouvelle. En 2013, Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation, avait proposé de ramener les vacances d’été à six semaines, à l’image du Royaume-Uni ou de l’Allemagne. Malgré les débats, cette réforme n’a jamais vu le jour.
Sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, le sujet a également été évoqué. En 2023, le président avait suggéré d’avancer la rentrée scolaire au 20 août pour les élèves les plus en difficulté. Cette idée, reprise par Gabriel Attal lorsqu’il était Premier ministre, visait à réduire les inégalités et à soutenir les élèves fragiles.
La France se distingue par la durée de ses congés estivaux, qui s’étendent sur huit semaines. En comparaison :
- Allemagne et Royaume-Uni : six semaines.
- Espagne : 11 semaines.
- Italie : 12 semaines.
Les pays avec des vacances plus courtes, mais réparties de manière équilibrée sur l’année, enregistrent de meilleurs résultats scolaires. Les journées plus courtes et les rythmes mieux adaptés contribuent également à réduire la fatigue des élèves.
Les avis sur cette réforme sont partagés.
- Parents d’élèves : La FCPE, première fédération des parents d’élèves, est plutôt favorable à une réduction des vacances, à condition que le calendrier scolaire soit repensé pour l’intérêt des enfants.
- Enseignants : Les syndicats restent divisés. Le SE-Unsa estime qu’un rééquilibrage du temps scolaire pourrait être bénéfique, mais souligne l’importance de repenser les journées de classe trop chargées. Le Snes-FSU, quant à lui, met en garde contre l’impact sur le tourisme et insiste sur la nécessité de prioriser d’autres problématiques, comme les effectifs en classe ou l’attractivité du métier d’enseignant.
Malgré les bonnes intentions, cette réforme reste complexe à mettre en œuvre. Les principales difficultés résident dans :
- Le manque de consensus entre les différents acteurs (parents, enseignants, élus).
- L’opposition du secteur touristique, qui pourrait être impacté par une réduction des congés estivaux.
- Les moyens financiers et humains nécessaires pour adapter le calendrier et les rythmes scolaires.
Le gouvernement, en lançant une grande concertation sur le temps scolaire, espère trouver une solution équilibrée. Cependant, comme le rappelle l’historien de l’éducation Claude Lelièvre, le temps scolaire est un sujet clivant depuis des décennies, et chaque tentative de réforme suscite de vives réactions.