Selon l’entourage de Gabriel Attal, cette mesure vise à protéger les mineures contre les pressions sociales ou familiales et à défendre les principes d’égalité entre les sexes. Pour ses partisans, il s’agit d’une façon de s’opposer à une montée progressive d’un islamisme radical diffus, visible dans certains quartiers et établissements scolaires.
Une loi pour les mineures dans l’espace public
La proposition consiste à interdire le voile pour les filles de moins de 15 ans dans tout espace public. Cela inclurait les rues, les commerces, les transports, mais pas nécessairement les lieux de culte. Attal justifie cette initiative en parlant d’atteinte à la dignité et de tentative d’emprise sur des jeunes filles qui ne seraient pas en mesure de décider elles-mêmes de ce qu’elles portent.
Un second volet de la proposition inclut la création d’un délit de contrainte au port du voile. L’idée serait de sanctionner pénalement les parents ou responsables légaux qui obligeraient leurs filles à porter un signe religieux contre leur volonté.
Le contexte : un rapport inquiétant sur l’islamisme local
Ce projet intervient alors qu’un rapport confidentiel sur les Frères musulmans doit être présenté en Conseil de défense. Le document décrit une stratégie d’influence par le bas, passant par des associations, des élus municipaux et des relais dans les quartiers populaires. Une partie du rapport souligne une augmentation significative de très jeunes filles voilées, parfois âgées de 6 ou 7 ans.
Ce phénomène, décrit comme porté par un réseau salafiste bien implanté, inquiète une partie de la majorité présidentielle. D’où l’envie, selon plusieurs cadres de Renaissance, de renforcer le cadre juridique autour de la laïcité et de la protection de l’enfance.
Une deuxième loi contre le séparatisme religieux
Gabriel Attal souhaite aller plus loin en proposant une nouvelle loi contre l’entrisme islamiste. Ce texte viendrait compléter la loi « séparatisme » votée en 2021, en introduisant un délit de communautarisme. Celui-ci viserait ceux qui tentent d’imposer des règles religieuses au sein d’un territoire ou d’une organisation au détriment des lois de la République.
Le projet serait examiné dans le cadre des conventions thématiques du parti présidentiel, où d’autres sujets comme la sécurité, l’éducation ou l’écologie seront abordés dans les prochaines semaines.
Réactions entre critiques et soutien politique
Du côté de l’opposition, les critiques ne se sont pas fait attendre. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a dénoncé une posture opportuniste, rappelant les propos passés de Gabriel Attal contre « la chasse aux femmes voilées ». Benjamin Lucas, député Générations, a lui évoqué une ressemblance troublante avec les discours de Jean-Marie Le Pen.
Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage entre ceux qui applaudissent une position ferme contre les symboles religieux visibles chez les mineures, et ceux qui dénoncent une mesure jugée stigmatisante pour les musulmans. Certains militants associatifs y voient une tentative de faire diversion sur d’autres sujets, comme le pouvoir d’achat ou l’éducation.
Une mesure difficile à faire appliquer ?
Plusieurs juristes interrogés estiment que la mesure pourrait se heurter à des obstacles constitutionnels, notamment sur la liberté de culte et l’égalité devant la loi. D’autres rappellent que les autorités ont déjà du mal à appliquer les règles existantes, comme l’interdiction de l’abaya à l’école. Contrôler le port du voile dans l’espace public chez des jeunes filles serait donc compliqué à mettre en œuvre concrètement.
Malgré cela, Gabriel Attal semble déterminé à faire de cette question un marqueur politique fort, à quelques mois d’échéances électorales importantes pour le gouvernement et la majorité présidentielle.