Un homme respecté et aimé de tous
Hichem Miraoui n’était pas un inconnu dans sa ville. Coiffeur dans le centre de Puget-sur-Argens, il avait su gagner l’affection de ses clients et voisins. Toujours souriant, très serviable, attentif aux autres, il était souvent décrit comme un homme doux et discret. Dans son salon, on pouvait apercevoir un petit oiseau en cage, qu’il laissait parfois voler quelques instants, pour faire plaisir aux enfants. Ce détail, tout simple, en disait long sur la tendresse qu’il incarnait.
Originaire de Kairouan, en Tunisie, Hichem avait quitté son pays pour construire un avenir stable en France. Il n’avait jamais eu de démêlés avec la justice. Son entourage le décrit comme un homme droit, impliqué dans son travail, toujours prêt à aider. Un profil à l’opposé de l’image caricaturale trop souvent véhiculée par certains discours.
Un crime prémédité nourri par la haine
Le meurtrier présumé, un homme de 53 ans prénommé Christophe, avait publié deux vidéos sur les réseaux sociaux avant et après son geste. Il y appelait à « tirer sur les Arabes » et à « protéger la France » contre ceux qu’il considérait comme une menace. Les propos tenus dans ces vidéos sont ouvertement xénophobes et appellent à la violence contre les étrangers.
Au moment de son arrestation, le suspect possédait plusieurs armes, dont un pistolet automatique, un fusil à pompe et une arme de poing. Ces armes étaient détenues légalement, ce qui interroge sur les dispositifs actuels de contrôle. Il aurait été adepte du tir sportif, selon les premières sources. Le procureur a indiqué que les vidéos comportaient également un hommage explicite à Jean-Marie Le Pen, renforçant le caractère idéologique de son acte.
Une ville traumatisée
Depuis ce drame, les habitants de Puget-sur-Argens se rassemblent pour rendre hommage à Hichem. Devant son salon, les fleurs s’accumulent, accompagnées de messages d’amour, de colère et de tristesse. Sur les réseaux sociaux, ses proches diffusent des photos, et les messages de soutien affluent de toute la France.
Le gouvernement tunisien a réagi fermement par la voix de son ministre de l’Intérieur, Khaled Ennouri, qui a qualifié ce meurtre d’attentat raciste. Il a exigé la sécurité de la communauté tunisienne en France et appelé à la mise en place de mesures contre les discours de haine.
Une réponse judiciaire et politique attendue
Le Parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire, ce qui marque une reconnaissance officielle de la gravité de l’acte. L’avocat de la famille Miraoui, Maître Mourad Battikh, a exprimé sa colère face à ce qu’il décrit comme une conséquence directe de la banalisation du racisme dans l’espace public. Il appelle à une réaction politique forte, soulignant que « ce n’est pas un fait divers, c’est un fait de société ».
Ce meurtre relance le débat sur la liberté d’expression face à la haine. Il interroge aussi sur la responsabilité des plateformes numériques, où les vidéos du suspect ont été diffusées sans filtrage. De nombreux observateurs pointent la montée des discours violents et islamophobes dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Pour Maître Battikh, ce crime est « l’aboutissement d’une ambiance générale ». Il cite également d’autres cas récents, comme celui d’Aboubakar Cissé, et insiste sur le fait que « le feu a été allumé bien avant ». Des phrases fortes, qui rappellent que le racisme ne tue pas seulement symboliquement. Il tue réellement.