Un séjour en colonie de vacances peut être une belle occasion pour un enfant de découvrir de nouveaux horizons, de se faire des amis et de vivre des expériences mémorables. Cependant, pour Jean, 11 ans, ce qui devait être une belle aventure estivale s’est transformé en cauchemar. Originaire de la Somme, Jean est revenu de son séjour en Bretagne avec des ecchymoses et des souvenirs traumatisants, marquant à jamais son enfance.
Le récit bouleversant de Jean et sa mère
Jean a passé une semaine en colonie de vacances à Camaret-sur-Mer. Mais dès son retour, sa mère, Cécile Lemaire, a découvert des blessures sur son corps : des hématomes sur le visage, les bras, et le dos. Interrogé sur l’origine de ces marques, Jean a d’abord tenté de cacher la vérité en prétendant être tombé. Cependant, dans l’intimité de la voiture et en présence de ses cousins, Jean a fini par avouer le calvaire qu’il avait vécu.
Jean a expliqué que dès le premier jour, il avait été pris pour cible par trois enfants plus âgés, âgés de 12 à 13 ans. Ces derniers l’ont harcelé quotidiennement, lui infligeant coups de poing, claques et même coups de chaussures. Ces violences n’étaient pas seulement physiques, mais également psychologiques. Les agresseurs imposaient à Jean de se laver en un temps limité sous peine de subir d’autres violences. Terrifié, Jean a choisi d’éviter les douches pour ne pas avoir à croiser ses bourreaux.
Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est que malgré la présence supposée d’adultes encadrants, aucun n’a réagi ni même remarqué ce qui se passait. Jean a même tenté de demander de l’aide, mais ses appels sont restés sans réponse. Selon le jeune garçon, lorsqu’il a voulu appeler sa mère pour lui confier ce qu’il subissait, un animateur lui aurait répondu :
Si c’est pour te plaindre, ce n’est pas la peine.
Jean, qui avait suivi des cours de boxe, a expliqué que son expérience l’avait aidé à se défendre dans certaines situations. Lors d’une agression, les enfants ont tenté de le forcer à se mettre à quatre pattes pour lui baisser le pantalon. Heureusement, Jean a réussi à se débattre et à échapper à cette situation humiliante en se réfugiant dans un buisson. Il a ainsi évité le pire, mais cet épisode l’a profondément marqué.
Heureusement que je fais de la boxe, sinon ils m’auraient violé.
Une plainte a été déposée
Cécile Lemaire a immédiatement réagi en consultant un médecin, puis en se rendant aux urgences pour obtenir un second avis médical. Le lendemain, elle a déposé une plainte pour « violences aggravées » auprès de la gendarmerie de Poix-de-Picardie. C’est avec colère et tristesse qu’elle a partagé l’histoire de son fils sur les réseaux sociaux, espérant ainsi faire connaître cette terrible situation.
Je n’ai aucune explication des animateurs, sous prétexte que Jean n’était pas dans leur groupe.
La publication de Cécile Lemaire a rapidement pris de l’ampleur, poussant l’organisme responsable de la colonie, Éducation Jeunesse Aisne (EJ’N), à ouvrir une enquête interne. Selon le directeur adjoint de l’association, Jérôme Vasseur, il y avait bien un encadrement suffisant sur place, avec un ratio d’un animateur pour dix enfants. Cependant, cette version contraste avec le récit de Jean, qui affirme n’avoir reçu aucune aide pendant toute la durée de son séjour.
Même après son retour à la maison, Jean est resté profondément marqué par les événements. Bien qu’il ait fait sa rentrée scolaire, il porte les séquelles psychologiques de cette expérience traumatisante. Sa mère, préoccupée par son bien-être mental, espère que l’enquête menée par l’association EJ’N et les autorités locales permettra de mettre en lumière les failles de l’encadrement et d’éviter que de telles tragédies se reproduisent à l’avenir.
La communauté de communes Somme Sud-Ouest, qui avait mandaté EJ’N pour organiser cette colonie, a également réagi en exprimant son choc face à ce témoignage. Elle a contacté la famille de Jean pour offrir son soutien et a sollicité les autres familles ayant envoyé leurs enfants à la même colonie pour recueillir leur témoignage. Cependant, la question reste posée : comment une telle situation a-t-elle pu échapper à la vigilance des encadrants ? Pourquoi aucun adulte n’a-t-il pris au sérieux les signaux d’alerte ?