Une affaire hors norme dans l’histoire judiciaire française
Un passé de violence et de manipulation
Entre 1989 et 2014, Joël Le Scouarnec a profité de sa position de chirurgien digestif pour abuser de centaines de patients. Les faits, parfois commis sur des enfants endormis ou inconscients, révèlent un comportement prédateur déroutant. Il a même admis une responsabilité indirecte dans la mort de deux victimes, l’une par overdose, l’autre par suicide.
Le verdict de la cour criminelle
La peine maximale a été prononcée par la présidente Aude Buresi. En plus des 20 ans de réclusion, Le Scouarnec est soumis à un suivi socio-judiciaire de 15 ans et ne pourra plus jamais exercer en tant que médecin. Il lui est aussi interdit de posséder un animal ou de résider dans plusieurs régions de l’ouest de la France.
Une demande forte de rétention de sûreté
Le procureur avait réclamé une rétention de sûreté, mesure exceptionnelle permettant de maintenir un criminel enfermé après sa peine si sa dangerosité reste avérée. Cette demande a divisé, mais beaucoup y voyaient le seul moyen d’éviter une récidive.
Manon Lemoine, violée à 11 ans, a qualifié l’enjeu de la rétention de sûreté comme « essentiel pour la protection des autres ». Son avocate, Marie Grimaud, a rappelé le niveau de danger extrêmement élevé de l’accusé.
Retour sur le parcours de Joël Le Scouarnec
Diplômé en 1985, il a exercé dans plusieurs hôpitaux de Bretagne. Dès 2005, il est condamné pour détention d’images pédopornographiques mais continue pourtant à opérer des enfants. Des alertes internes avaient été lancées, sans réaction des autorités de santé.
En mars 2020, il est déjà reconnu coupable de viols sur quatre jeunes filles, dont deux nièces. Il écope alors de 15 ans de prison. Cette première affaire déclenche une nouvelle enquête plus large.
Une omerta institutionnelle
De nombreux cadres médicaux appelés à la barre ont prétendu n’avoir rien vu. Pourtant, le journal intime de l’accusé recensait des centaines d’actes, détaillés et organisés. Plusieurs enquêtes parallèles sont encore en cours.
Une peine unique mais symbolique
En France, le droit pénal ne permet pas de cumuler les peines. Ainsi, le maximum pour viol sur mineur reste 20 ans, même en cas de multiples victimes. Ce chiffre peut sembler faible comparé à l’ampleur des crimes, mais c’est la limite légale actuelle.
Un espoir de justice pour les victimes
Malgré la lourdeur des faits, ce procès a permis à plusieurs survivants de reprendre la parole. Certains ont partagé leur histoire pour la première fois. Ce verdict est vu par beaucoup comme une première forme de reconnaissance, même s’il reste encore des zones d’ombre à éclaircir.