En 2022, Jordan Bardella, figure montante de l’extrême droite française, exprimait clairement son intention d’interdire la viande halal et l’abattage rituel islamique. Cette proposition, qui touche également la viande casher par effet collatéral, suscite de vives réactions et controverses.
Qu’est-ce que la viande Halal et Casher ?
Halal
Le terme “halal” signifie “permis” en arabe et se réfère aux aliments et boissons conformes aux lois alimentaires islamiques. L’abattage halal implique que l’animal soit égorgé en prononçant une bénédiction et que tout le sang soit drainé. Les musulmans suivent ces pratiques pour des raisons religieuses, et la consommation de viande halal est une partie intégrante de leur foi et de leur culture.
Casher
Le terme “casher” (ou “kasher”) signifie “convenable” en hébreu et désigne les aliments qui respectent les règles alimentaires juives, la cacherout. L’abattage casher requiert que l’animal soit tué de manière similaire à l’abattage halal, par un boucher qualifié (shochet) et que le sang soit totalement évacué, conformément aux prescriptions de la Torah. Comme pour les musulmans avec le halal, les juifs pratiquants consomment de la viande casher par conviction religieuse et culturelle.
Une proposition qui divise
Bardella, malgré une certaine réticence à aborder frontalement le sujet de la viande casher, ne cache pas son objectif d’interdire l’abattage rituel. Il affirme que cette interdiction s’inscrit dans une démarche de protection animale et de laïcité. Cependant, cette proposition est perçue par beaucoup comme une attaque directe contre les libertés religieuses des communautés musulmane et juive en France.
L’idée d’interdire ces pratiques soulève des questions complexes sur le respect des traditions religieuses dans un pays laïque. Les critiques de Bardella y voient une tentative de stigmatiser davantage les minorités religieuses sous couvert de bienveillance animale.
Un enjeu politique sensible
La proposition de Bardella n’est pas sans implications politiques. Sa proximité avec des figures politiques influentes, y compris celles de la communauté juive comme Meyer Habib, met en lumière les contradictions et les dilemmes de sa position. Lors d’une rencontre en février dernier, Bardella et Habib ont affiché une complicité apparente, soulevant des questions sur la gestion des relations intercommunautaires si une telle interdiction venait à être mise en œuvre.
Réactions et perspectives
L’annonce de Bardella a provoqué une onde de choc parmi les défenseurs des droits religieux et des libertés individuelles. Les organisations musulmanes et juives ont immédiatement dénoncé cette proposition, la qualifiant de discriminatoire et de contraire aux principes de liberté de culte.
Les débats autour de cette question mettent en lumière les tensions entre laïcité et liberté religieuse en France. Alors que certains soutiennent l’idée d’une interdiction pour des raisons de bien-être animal, d’autres insistent sur le respect des traditions et des pratiques religieuses comme un pilier fondamental des droits humains.
La volonté de Jordan Bardella d’interdire la viande halal et casher est une proposition controversée qui soulève des questions profondes sur la liberté religieuse, les droits des minorités et les valeurs de la République française.
🇫🇷 Fin du Halal et du Casher en France « au nom de la dignité animale », Jordan Bardella pic.twitter.com/Hj6iNS5lo8
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) June 14, 2024