Villepin prône un dialogue entre les peuples
Lors de sa venue à Marseille pour commémorer l’appel du 18 juin 1940, Dominique de Villepin a affiché un soutien clair au jumelage entre Marseille et Haïfa, tout en saluant la volonté du maire Benoît Payan d’établir un second lien avec une ville palestinienne. Pour lui, cette double initiative illustre une volonté d’équilibre diplomatique et de respect des identités.
L’ancien chef du gouvernement a rappelé que les jumelages sont des liens d’amitié entre habitants, indépendants des tensions géopolitiques. Il affirme que la France doit garder une position « humaniste, libre et indépendante » et refuse toute instrumentalisation partisane des symboles historiques.
Dans ses déclarations, Villepin a évoqué l’importance de l’appel du général de Gaulle, soulignant que « dire non à l’inacceptable » reste un devoir. Il critique la récupération du gaullisme par certains responsables politiques, estimant que ce courant n’est plus incarné par aucun parti aujourd’hui. Pour lui, Marseille est une ville symbole, capable d’ouvrir des ponts entre rives de la Méditerranée.
Muselier contre-attaque avec virulence
Renaud Muselier, président de la région Sud et proche du pouvoir exécutif, a vivement réagi. Dans un communiqué adressé directement à Villepin, il dénonce une posture « indéfendable » et accuse l’ancien Premier ministre de passer sous silence les attaques du 7 octobre ou la situation des otages israéliens.
Muselier, ancien allié politique de Villepin, lui reproche aussi sa proximité avec Benoît Payan, qu’il accuse de soutenir un projet de jumelage avec une ville palestinienne « sans aucune préparation ni consultation ». Il fustige un double discours qui selon lui fragilise l’équilibre et l’image de la France.
Dans ses attaques, Muselier insiste sur la mémoire du général de Gaulle, qu’il accuse Villepin de trahir. « Si le grand Charles te voyait, il se retournerait dans sa tombe », lâche-t-il, dans une formule volontairement choc. Il l’appelle à revenir à une ligne plus « équilibrée », qui aurait consisté selon lui à soutenir uniquement le lien avec Haïfa, sans ouvrir la voie à une reconnaissance implicite d’une cause palestinienne.
Une fracture politique révélatrice
Ce conflit entre deux figures issues du même camp illustre les lignes de fracture à droite sur les questions internationales et les symboles historiques. Tandis que Villepin tente de faire entendre une voix nuancée, axée sur le dialogue et la diplomatie, Muselier incarne une droite plus alignée sur les positions israéliennes et l’autorité présidentielle.
La polémique intervient dans un contexte où les tensions au Proche-Orient se répercutent dans les débats locaux. Le jumelage Marseille-Haïfa devient un terrain d’expression de visions opposées sur le rôle de la France dans le monde et la place de ses villes dans les dynamiques géopolitiques.
Dominique de Villepin n’a pas seulement honoré la mémoire du 18 juin. Il a aussi multiplié les prises de parole à Marseille, allant jusqu’à évoquer la nécessité d’un nouveau souffle gaulliste. Pour lui, cela signifie placer l’indépendance nationale, la paix et la justice sociale au-dessus des clivages. Il affirme ne pas s’inscrire dans une logique de candidature, mais dans un effort de réconciliation politique et mémorielle.
Dans cette joute verbale, chacun revendique le gaullisme à sa manière. Reste à savoir laquelle des deux visions parlera le plus aux Français.