Un drame au cœur du paradis balinais
À seulement 27 ans, Karolina Krzyzak, originaire de Varsovie et ancienne étudiante à l’université de Leeds au Royaume-Uni, a été retrouvée morte dans sa chambre d’hôtel à Bali. Elle suivait depuis plusieurs années un régime exclusivement composé de fruits crus, une pratique dite « fruitarienne ». Au moment de sa mort, elle ne pesait plus que 22 kilos.
Arrivée au Sumberkima Hill Resort en décembre 2024, Karolina avait demandé une villa isolée et refusé toute aide médicale. Le personnel, choqué par son apparence extrêmement maigre, raconte qu’elle était « trop faible pour marcher seule ». Malgré leurs inquiétudes, elle aurait insisté pour qu’on ne lui serve que des fruits.
Une quête de pureté qui vire à l’obsession
Depuis l’âge de 19 ans, Karolina s’était plongée dans le monde du veganisme, puis du crudivorisme. Sur Instagram, sous le pseudonyme @carolina.mariie, elle partageait des photos colorées de smoothies et de bols de fruits, accompagnées de citations sur la santé et la spiritualité. Pour beaucoup, elle incarnait l’image d’un mode de vie « naturel » et inspirant.
Mais derrière cette esthétique lumineuse, la réalité était plus sombre. Ses proches affirment qu’elle souffrait depuis plusieurs années de troubles alimentaires et d’un rapport déformé à l’image du corps. Une amie en ligne a témoigné :
« Elle avait besoin d’aide médicale et psychologique, mais la communauté validait souvent ses comportements au lieu de les remettre en question. »
Selon plusieurs sources, Karolina avait déjà été hospitalisée pour anorexie en 2018 avant de reprendre aussitôt son régime extrême. Ses parents, inquiets, l’avaient suppliée de rentrer en Pologne. En vain.
Un régime dangereux aux conséquences fatales
Le régime fruitarien consiste à ne consommer que des fruits crus, parfois agrémentés de quelques noix ou graines. Les adeptes croient purifier leur corps en éliminant toute trace de produits d’origine animale ou cuits. Mais cette pratique prive l’organisme d’éléments essentiels comme les protéines, les graisses ou les oméga-3.
La nutritionniste Kate Patton de la Cleveland Clinic rappelle : « Un régime fruitarien n’est pas viable. Il entraîne des carences graves et peut rapidement mener à la dénutrition. » À long terme, le manque de nutriments fragilise les os, les dents, et perturbe le fonctionnement du cœur.
Dans le cas de Karolina, les médecins évoquent une ostéoporose avancée et une grave carence en albumine ayant provoqué des œdèmes. Elle était si affaiblie qu’elle ne pouvait plus se retourner seule dans son lit.
Les réseaux sociaux en question
Comme de nombreux jeunes cherchant à mieux manger, Karolina s’était laissée séduire par la promesse d’une vie plus saine. Mais son parcours illustre les dangers des algorithmes qui valorisent les corps maigres et les discours extrêmes. Ses publications recevaient des centaines de commentaires admiratifs, renforçant sa conviction d’être sur la bonne voie.
Cette spirale d’auto-validation peut rapidement enfermer les internautes fragiles dans une bulle où toute remise en question est perçue comme une attaque. Plusieurs spécialistes alertent sur la montée du phénomène des régimes extrêmes partagés en ligne, souvent sous couvert de bien-être.
« Internet a créé des communautés puissantes, mais aussi des espaces où les comportements à risque sont normalisés », observe une psychologue spécialisée en addictions numériques. « On ne parle plus de santé, mais de contrôle. »
