Neuf mois de storyline millimétrée
Sur TikTok et Facebook, Kira documente sa « grossesse » : baby bump, échographies, coups de pieds « filmés », messages anxiogènes sur une malformation cardiaque supposée. Des proches organisent une gender reveal, offrent des vêtements, une poussette à plus de 1 000 €. Le 10 octobre, elle annonce un « accouchement » nocturne et publie des photos en sortie de clinique.
Le « bébé » s’appelle Bonnie-Leigh Joyce. En réalité, il s’agit d’une poupée reborn ultra-réaliste, gardée hors de portée et toujours silencieuse. La supercherie craque lorsque la mère de Kira découvre la poupée, cachée dans la chambre.
Comment la supercherie a tenu si longtemps
- Accessoires crédibles : faux ventre arrondi, sangles, clichés d’échographies.
- Récit émotionnel : complications médicales, anxiété, demandes de soutien.
- Contrôle de l’accès : personne n’est autorisé à porter le « bébé ».
- Réseaux sociaux : effets de preuve sociale, likes, commentaires bienveillants.
La mise en scène emprunte aux codes du vlog parental et du storytelling personnel : formats courts, esthétiques, moments « authentiques ». La frontière entre intimité et fiction devient floue.
Réactions : choc, colère, compassion
Des proches parlent de trahison. D’autres s’inquiètent de l’état psychologique de la jeune femme. La cousine qui a révélé l’affaire sur TikTok résume :
« Tout le monde l’a crue. Échographies, révélation de genre… Puis un SMS : le bébé est né. On était tous si heureux. »
Face au tollé, Kira supprime ses comptes et se met en retrait. Elle promet d’« expliquer quand elle sera prête » et évoque l’isolement qu’elle s’était imposé.
Pourquoi ça nous captive autant
Cette histoire coche plusieurs cases de 2025 : quête de validation en ligne, puissance des mises en scène, disponibilité d’objets ultra-réalistes (les reborn), et algorithmes qui amplifient l’émotion. Elle révèle aussi la difficulté à vérifier ce qui circule dans nos fils.
Sur les poupées reborn
Les poupées reborn existent depuis des années. Certaines personnes y voient un outil thérapeutique (deuil périnatal, anxiété), d’autres un loisir de collection. Le problème survient quand l’objet devient support d’une narration mensongère qui implique et blesse des tiers.
Aspects éthiques et juridiques
Dans des cas comme celui-ci, les questions portent sur les dons reçus, l’éventuelle escroquerie si des fonds ont été sollicités, et l’atteinte émotionnelle causée. Souvent, l’issue se joue dans la sphère familiale et sociale, parfois avec un accompagnement psychologique.