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La Belgique francophone veut interdire les téléphones au lycée

À partir de la rentrée 2025, la Belgique francophone prévoit d’interdire l’usage des téléphones portables dans tous les établissements scolaires, y compris au lycée. Cette décision, prise par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, vise à lutter contre l’hyperconnexion des élèves et à réduire ses effets néfastes sur leur santé et leur bien-être.

L’idée de cette interdiction part d’un constat : l’usage intensif des téléphones mobiles nuit à la concentration des élèves. Selon la ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny, lorsqu’un élève reçoit une notification sur son téléphone, cela peut entraîner jusqu’à 20 minutes d’inattention. L’objectif de cette interdiction est donc de réduire les distractions pour permettre aux élèves de se concentrer davantage sur leurs études.

Les recommandations de l’OMS et de l’Unesco ont également été prises en compte pour cette décision. Ces institutions encouragent en effet une limitation stricte de l’usage des téléphones en classe, y compris pour les adolescents de plus de 15 ans, ce qui a conduit à élargir l’interdiction initialement prévue jusqu’à la mi-parcours du secondaire (vers 14-15 ans) à l’ensemble des élèves, jusqu’à la terminale, appelée “rhéto” en Belgique.

Cette mesure ne se limite pas à l’amélioration de la concentration en classe. Le gouvernement espère également que moins de téléphones mènera à plus d’interactions sociales entre les élèves, particulièrement lors des pauses. « Moins de téléphones, c’est plus de copains à la récré, des vrais copains, dans la vie réelle », a déclaré Valérie Glatigny. Cette initiative vise ainsi à encourager les échanges et à favoriser un environnement plus sain au sein des écoles.

Par ailleurs, la ministre de l’Éducation a souligné que l’usage prolongé des téléphones peut entraîner des troubles de la santé, notamment de la fatigue oculaire et une augmentation de la sédentarité. Cette interdiction est donc aussi une mesure de prévention pour le bien-être physique et mental des élèves.

Il est important de noter que cette interdiction ne concernera pas l’usage pédagogique des téléphones. Dans certaines situations, les enseignants pourront autoriser l’utilisation des smartphones, par exemple pour une recherche en ligne ou lors d’excursions où l’usage de QR codes peut être nécessaire. De plus, des exceptions médicales sont également prévues. Les élèves souffrant de certaines pathologies, comme l’épilepsie ou le diabète, pourront garder leur téléphone à portée de main pour rester en contact avec leur famille en cas d’urgence.

Chaque établissement scolaire devra adapter son règlement intérieur pour que cette interdiction soit effective dès la rentrée de 2025. Les modalités de mise en œuvre, ainsi que les sanctions en cas de non-respect, seront établies par les écoles elles-mêmes. Le gouvernement encourage également une éducation à l’usage responsable des outils numériques, inscrite dans le référentiel « Formation manuelle, technologique et numérique ». L’objectif est d’aider les élèves à mieux comprendre comment utiliser ces technologies de manière raisonnable et sécurisée.

L’une des autres raisons évoquées pour justifier cette interdiction est la lutte contre le cyberharcèlement. Bien que l’interdiction des téléphones ne puisse pas éradiquer complètement le problème, elle vise à limiter les occasions où des photos compromettantes pourraient être prises et utilisées à des fins malveillantes. Valérie Glatigny a toutefois précisé que le cyberharcèlement ne se limite pas à l’école, et que cette mesure devra être accompagnée d’une éducation numérique pour sensibiliser les élèves à des questions comme le consentement lorsqu’ils prennent des photos ou les partagent.

En Belgique, l’éducation est une compétence des communautés linguistiques, ce qui signifie que les décisions prises par la Fédération Wallonie-Bruxelles ne s’appliquent pas automatiquement dans les écoles flamandes. À ce jour, aucune décision similaire n’a été prise par les autorités flamandes, bien que certaines écoles puissent choisir de mettre en place des interdictions de manière autonome. Cette divergence souligne les différences de politique éducative entre les deux principales communautés linguistiques du pays.

La rentrée scolaire de 2025 marquera donc un tournant pour les élèves de la Belgique francophone. L’interdiction des téléphones portables, applicable dès la maternelle jusqu’à la rhéto, vise à créer un environnement plus propice à l’apprentissage et à la socialisation des élèves. Les écoles devront désormais préparer la mise en place de cette mesure dans les prochains mois, en ajustant leurs règlements intérieurs et en formant les enseignants et les élèves à un usage plus responsable des technologies numériques.